mercredi 29 avril 2009

Cette fois , j'ai eu à ma consultation....



Cette fois, j’ai eu à ma consultation, une enfant de cinq ans en difficulté scolaire.
Elle avait un comportement anormal en classe, ne répondait pas à l’appel de son nom ni à toute interpellation.

Reléguée au dernier pupitre par son institutrice impatiente, elle se tenait à l’écart effacée et calme, se mouvant de droite à gauche, en avant et en arrière émettant uniquement de sourds grognements presque inaudibles
rappelant un fauve brutalement sorti de cage et ahuri par les lumières.
La mise en quarantaine ne seyant plus à son institutrice, elle me fût adressée pour état d’autisme.

Perplexe ou complice, je n’ai pu pendant quelques brefs instants soutenir le regard de cette petite fille en souffrance et gifler la maîtresse de sa cruauté crevante.
Complice parce que la stabilité dont nous nous couvons nous est chère…
Complice parce que nous avons peur de déranger les coutumes..
Complice parce que nous prenons vite l’habitude des injustices sociales ou peut-être encore parce que j’ai été tenue par des raisons familiales à cette maîtresse qui a été en même temps celle de mon fils.

Une de ses paroles me revient encore lorsqu’elle me chuchota en confidente de passage que la petite pissait en classe, mordait les élèves et n’arrêtait pas de se mouvoir dans un mouvement pendulaire des plus exaspérants pour ses nerfs. L’enfant la mettait mal à l’aise et la terrifiait avec ses yeux perçants et surtout son silence. En un mot, elle la détestait et l’enfant le savait.

S’acharner sur l’enfant n’est que malheureusement très possible mais sur l’adulte reste encore carrément inconcevable surtout s’il s’agit du détenteur de l’instruction et du savoir. La majorité des parents préfèrent s’abstenir et être au petits soins de l’instituteur car le contrarier peut se révéler décisif voire nocif pour l’avenir de leur progéniture.
Je ne puis encore me pardonner mon silence, quoique de quelques instants , sur ce raid de méchanceté et de cruauté humaine ...
où le bulldozer continue à s’attaquer
en toute liberté et dans l’impunité
au moustique et au désarmé
et impardonnablement à l’enfant .

Fort heureusement, mon errance dans les couloirs de la vie n’a point permis à la lâcheté de longtemps me bâillonner et la décision de me dresser contre cette institutrice et ses semblables a germé instantanéent, fulgurante presque en dehors de ma volonté.

Les premieres minutes de doute évaporé, j’ai adressé la petite fille en consultation de pédopsychiatrie qui a achevé de concrétiser mon malaise vis à vis de la maîtresse et non de l’enfant.
La spécialiste ayant vite écarté le diagnostic d’autiste, elle a confirmé le manque de sécurité de l’enfant dans sa classe avec son institutrice. L’enfant a été en permanence, malheureuse dans ce cadre.
Les rapports de force étant inéquitable, l’enfant s’est réfugiée dans cet état paranormal pour se substituer aux agressions répétées et multiples de l’adulte dans une intelligence remarquable.

Autodéfense judicieuse lorsque la conception de la liberté d’expression et la franchise est étriquée et souvent mal venue.

J’ai décidé alors d’agir rapidement et après consultation parentale, l’enfant a été retirée de sa classe afin de la substituer à ce milieu devenu dangereuxf.

Des échos réconfortants me sont parvenus par la suite. Elle a eu de bons résultats scolaires et a repris goût aux études, à la parole, aux jeux et surtout à son enfance.

Je vous avoue aujourd’hui
que ce n’est point d’une lecture de marc qu’il s’agit
mais bel et bien d’une page dans l’agenda d’un vrai médecin scolaire….

9 commentaires:

  1. L'histoire de cette petite fille me touche beaucoup. J'ai vécu ce qu'elle a vécu .... Bon 1er Mai. A bientôt c'est un plaisir de venir ici. Dommage que je ne puisse m'abonner à tes articles pour n'en manquer aucun. Bon 1er Mai
    Eglantine
    http://quaidesrimes.over-blog.com

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  2. Encore un article très fort qui raconte les brimades de la vie, tant mieux si cette petite a eu un autre horizon et repris goût à la vie grâce à ton intervention; tu lui as fait un très beau cadeau
    Bonne soirée

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  3. Ma très chère Lilia,
    Ma joie est toujours immense quand je fais un petit détours pour attérrir chez toi!!!

    Des institutrices et des instituteurs de ce "genre", ma chère Lilia, il y en a à la pelle!
    Je pense que le problème se situe dans le fait que ces gens font de ce métier leur gagne -pain, ils auraient pu être indifféremment patron de gargotte ou P.DG, ou encore bijoutier ou n'importe quel autre métier où ils n'auraient pas à gérer de "petits êtres fragiles en période de construction de leurs personnalités"!
    Ces gens- là se sont trouvés par hasard ,dans des salles de classes parmi des enfants en quête de savoir et de communication, parce que le score demandé par le système ,pour accéder à ce "type de travail", le leur a permis ,sans plus!

    L'amour de "ce métier" leur faisant défaut ,ils ne peuvent jamais l'exercer dans les règles de l'art!!!
    Pour être "ENSEIGNANT", il faut commencer par "AIMER " le métier et tout ce qui est en rapport avec le métier , ses contraintes au quotidien et à long terme!
    Certains même choisissent ce métier pour un confort virtuel! Ils le choisissent pour avoir de longues vacances d'été!
    Malheureusement ,leur choix est erroné, car jamais ,ils ne pourront apporté aux enfants ce dont ils ont besoin!
    C'est un métier à revoir et à reconsidérer!

    A plus!
    Gros bisous!

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  4. Tu es médecin scolaire? Quel beau métier! Et quel courage!!! Le courage d'affronter, de ne pas accepter, de ne pas laisser à la décision d'un seul le sort d'un enfant...
    Quelle expérience aussi ce doit être! et quelle belle façon de la raconter!
    Merci pour ce partage!!!
    A très très bientôt Lilia!

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  5. Hello Lilia ^^
    Je découvre ton blog avec ce texte vraiment terrible et très touchant.
    Ton métier ne dois pas être très facile surtout face aux problèmes de ces enfants qui parfois doivent être durs à encaisser humainement.
    En tout cas le fait d'avoir rendu son enfance à cette petite fille, où tout du moins d'y avoir contribuer, est un acte magnifique et tellement important.
    Bravo pour cela et aussi de nous faire partager avec talent ces instants de vie !
    A bientôt, ici ou ailleurs...

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  6. Ce qu'il y a de plus horrible je crois, c'est qu'on connaît tous des histoires de ce genre. Est ce la première fois que nous sommes face à une telle horreur ?
    Le plus terrible ce n'est pas ce genre d'histoire. C'est comme tu dis le manque de réaction face à cette situation. Sur le moment ou après coup on réagit, on s'emporte, se révolte, critique, montre les crocs. Quelle pourriture que ce monde !
    Et il suffit de quelque jour pour que le dangereux bulldog enragé ne se transforme en doux labrador en manque de caresse...

    Pareil pour ce commentaire, je ne fait que critiquer une facette de nos actes, ou plutôt non-actes sans pour autant y trouver un remède...

    Très bon article,
    Comme tous ceux que j'ai put lire...

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  7. Cette fois-ci,j'ai lu tous les commentaires qui ont été adressés après ce compte-rendu. Parce que je me doutais bien qu'ils allaient tous aller dans le même sens. Il existe un fantasme endémique dans toute la population envers l'enseignant en général, un fantasme qui essaie de "venger" une image que l'on a en soit depuis les temps de notre propre scolarité. Jamais ceux qui critiquent de façon acerbe les enseignants n'analysent leurs conditions de travail, les moyens que met la société à leur disposition pour accomplir leur tâche quotidienne. C'est nous tous qui sommes responsables si certains enseignants ne parviennent pas à être des saints. Que voudrait-on obtenir d'eux? Qu'ils abandonnent tous les autres enfants de leur classe pour un élève que sa famille n'a pas perçu comme déviant? Une classe est un lieu où trente intérêts différents se heurtent. Et ces trente intérêts doivent parvenir à devenir solidaires. Ce qui exige de chacun des comportements adaptés. Et c'est là qu'il est nécessaire de fournir à l'enseignant des personnes accompagnatrices de l'enfant à problème. L'institutrice d'une classe où se trouve un tel enfant doit rester l'institutrice de tous et ne peut se laisser absorber par les problèmes d'un seul.

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  8. Je rajoute que ma fille a eu à connaître cette situation cette année, à la rentrée de septembre. 29 enfants de 3 à 4 ans + un enfant présenté comme autiste. Encoprétique, fugueur, violent,etc. Elle est restée trois mois sans aide. Elle dépérissait. Sa classe n'existait plus, ses élèves étaient littéralement parasités par celui, le seul existant, dont il fallait qu'elle s'occupe sans cesse au risque d'un désastre pour lui, pour les autres.
    Elle a menacé les autorités, elle s'est rebellée contre leur incurie, leur inconscience à intégrer sans précaution des enfants souffrants. Elle a fini par obtenir une aide permanente pour l'enfant à problème. Elle est redenue elle-même et sa classe une classe. L'enfant a fait quelques progrès. Mais l'intégration dans une classe n'est pas la panacée. Il lui faut des soins. Il est nécessaire que la famille, source de ses problèmes, soit prise en charge. Un enfant à problème n'interpelle pas que l'école. Tous nous sommes concernés, tout d'abord par l'attention que lui porte la société et les moyens qu'elle met ou non en oeuvre pour lui.
    Qu'en sera-t-il de son intégration dans un club sportif? une école de musique? le jardin public voisin de son domicile, l'immeuble qu'il habite? L'école n'est pas le lieu des miracles, les enseignants ne sont pas des saints. En France actuellement on ne cesse de fermer des postes d'enseignants. Est-ce ainsi que l'on pense mieux intégrer des enfants souffrant de troubles?

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  9. oO nice j'adore
    http://msgdamour.blogspot.com

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