dimanche 25 décembre 2011

Pourquoi pas un téléthon pour nos blessés de la révolution…

Tout à l’heure, j’ai reçu une proposition de téléthon pour aider la Tunisie.
La Tunisie n’a pas besoin d’argent autant qu’elle a besoin de ses enfants sains, sur pieds et rétablis.
Je me suis alors dit pourquoi pas un téléthon pour aider nos blessés de la révolution.
Je ne sais pas mais depuis quelques temps, un mérycisme intense tenaille mes élans.
Je rumine en non stop comme une sourde déception.
Je me répète comme dans un disque ébréché que cela fait bientôt un an et qu’ils sont là à attendre impatiemment que la Tunisie leur reconnaisse leurs droits à ce sol qu’ils ont nourris de leur sang.
Je ne veux plus entendre quelqu’un encore me sortir que certains se sont faits tirés des balles pendant qu’ils volaient ou qu’ils étaient entrain de commettre quelconque effraction.
Je ne veux plus que quelqu’un ose encore tâcher leur réputation quoiqu’ils aient fait ou aient pu faire dans leur passé.
J’aime ces gens.
J’aime ces blessés, pour la plupart des enfants.
J’aime leur rire bon enfant.
J’aime ce côté pas très « in » qui me rappelle à la terre, qui me ramène à mes origines.
Et lorsque j’ai eu cette mésaventure à l’aéroport Tunis-Carthage, que mon fils a été sauvagement battu devant moi par notre « police » , j’en ai pris un coup dans mon égo. Narcissique au plus haut degré, je me suis sentie nulle et égoïste lorsqu’un bon nombre de ces gamins sont venus jusqu’à moi chez Nawaat et ailleurs à commencer par Walid kassraoui, Montassar mon favori et puis tous les autres de Ouerdénine, de Théla et de Kasserine toujours cette KASSERINE si rebelle et si féroce qui ne saura enfanter que des Hommes.
Ces gamins de pas plus de vingt ans ou un peu plus se sont avancés vers moi , m’ont pris la main et m’ont bercée de leurs chants comme aux premiers jours de toutes les kasbas.
L’un d’eux(Abed Gassoumi ) s’est approché de moi et m’a soufflé doucement en roulant son fameux accent :
« omi metebkiche, weldek juste kelma minek w yjik àla séguihe houwa w gassrine elkolha ala séguihome bech maadche hade ymess khouya».
Pleure pas maman ton fils sur un mot de toi viendra à pied s’il le faut avec tous les gens de Kasserine pour te soutenir et plus personne ne touchera à un cheveu de mon frère zakaria.
Je redoublais de larmes mais cette fois en riant car je le croyais ferme comme je croyais Montassar lorsqu’il m’a dit de son lit d’hôpital que même sur chaise roulante Monta reste Monta : le chef et qu’il me ramènerait tous ses amis s’il le fallait.
Ce qui est terrible chez mon peuple, c’est sa nonchalance et son manque de servitude les uns vis-à-vis des autres au moment des joies et des choses de tous les jours.
Ce qui est fabuleux chez mon peuple, c’est cette quantité de possibilités, de don de soi et d’offrandes au moment des malheurs et des épreuves.
Nu, pauvre, affamé et terriblement secoué, il reste exemplaire dans son humanité et son humanisme.
Les exemples nous ont été rendus nombreux et flagrants de vérité lorsque tous les jours après un fabuleux 14 janvier. Pendant que nos vies se jouaient suspendues à un fil, nos idéaux à l’épreuve des balles de snippers, un sens élevé de maturité et de solidarité sinon d’amour pour son prochain nous a chevillés honorablement les uns aux autres.
Mon peuple se distingue encore en geste de bravoure et d’extrême générosité en accueillant, hébergeant et partageant pain et sel avec les réfugiés libyens alors que les vivres arrivaient déjà à lui manquer par ces temps de couvre-feu général.
Il s’élève encore en n’ayant plus peur de mourir pour sa liberté devenant dés lors entièrement libre et maître de sa destinée.
Je crois qu’il faut plus qu’un gouvernement pour mon peuple!
Il faut de l’espoir et de cet espoir, il n’est pas prêt à décrocher.
Du pain pour tous, des soins à la portée. Du travail pour ne pas mendier, un toit à élever.
Chaque citoyen est en droit de rêver et de tendre à édifier son rêve dans la dignité.
Est-ce un si grand défaut de s’accrocher à un espoir ?
Est-ce si terrible de se visser à son rêve et de s'y tenir éveillé?
Je crois après ce long travail d’expulsion et de délivrance, nous sortons peut être encore petits, chétifs et démunis mais intègres et cette intégrité, nous devons la garder vivante et plus personne ne pourra nous l’enlever.
J’appelle à ce peuple si hardi, si fabuleux et dont je suis follement amoureuse pour se retourner comme à son habitude dans un geste de gratitude et de prompts remerciements à nos héros et blessés pour les honorer et honorer ce téléthon dont les bénéfices aideraient peut être à panser leurs blessures dans leurs gestes de bravoure.
Pour eux, pour nous réagissons !

dimanche 18 décembre 2011

Le revolution blues!

J’ai comme le revolution blues
Je démêle devant l’actualité mes incompréhensions
Une marée remonte insolente avec beaucoup de déceptions
Certains s’appliquent à dévorer le monde, d’autres à le regarder
Les geôles de l’esprit reprennent de l’élan
Les jeux de cirque reviennent audacieusement
La bêtise dégrafe son ceinturon, la répression également
Les arènes sont ouvertes, les pugilats reprennent indécents
Crêpages de chignons, faux bonds et guerres mesquines
De beaux candidats en costards –cravates étincelants
Posent en donneurs de leçon drapés dans d'affreuses toges et de fausses modesties
De faux sourires ou implants nous vendent mal leurs idées
Plus d’arabesques ni de grandes symphonie
Dignité en sautoir, démocratie en captivité
De petits sentiments sur de petits adjectifs sans lyrisme ni grande surprise
Un désert depuis quelques temps
De longs discours avec d’effroyables sommets
Une pente abrupte sur des pas hésitants
Des terreurs diurnes sur des chutes houleuses
De petits sentiments sur de petits adjectifs sans lyrisme ni grande surprise
Ne plus être le jouet de personne
Ne plus être une doublure de soi même
Ne plus se consumer vainement
Ne plus se vendre lâchement
Pouvoir se regarder autrement
Marcher dans sa vie sans honte ni ombrage
Pouvoir parler de déblaiement et de reconstruction
Ne plus penser à la possible contre révolution
Buter contre les infinis de mes prisons
Reprendre la rue, hurler ma peur et mon non renoncement
Car il n’y a de pire solitude que celle de rester figé en un terrible tête à tête avec soi même, spectateur de sa propre destinée.