mercredi 5 décembre 2012

Ce pays est notre seule famille,ne nous en rendons pas orphelins



Depuis mon retour, je suis comme hébétée, foudroyée par ces images de violence et cette vue du sang.
Le sang des tunisiens qui dans un instant de perte se laisse couler sous la folie des hommes.
Le sang des malheureux qu’on traîne sous la foulée des sans visage qui continuent à vouloir traumatiser  la foule et la terroriser.
La vue de toute cette horreur  me glace et me tourmente.
Mon peuple s’est soulevé contre le dictateur pour sa dignité et non s’entre-tuer.
Chaque goutte de sang versé   est  un sang gravement contaminé.
Chaque goutte  de sang versé est un sacrilège parce qu’il cache  la lumière au rêve de chaque tunisien, le rend borgne et le tue avant de bourgeonner.
J’ai mal dans ma chair et mal dans mes pensées.
J’ai mal pour cette nuit qui s’installe dans le cœur des hommes leur faisant perdre la raison et l’essentiel de leur révolution.
J’ai mal pour le soleil de  cette bénite révolution qu’on essaye de lui confisquer.
Des mains sales et des vendus tentent de la tatouer de noirceur et d’orties.
La violence appelle à la violence, au froid et au gel des passions.
Pourtant, il n’y a pas que la violence pour nous pacifier ou nous civiliser.
Il faut se rendre conscient que ce pays est notre seule famille et que si nous nous en rendons orphelins, nous n’aurons plus rien à contrer à l’adversité.
L’homme sans famille est  mis à dos nu.
L’homme sans pays est un homme fini.
Un peuple désuni, déchiré annonce une nation vaincue.
Nous avons le devoir de recréer la nation et de garantir à nos jeunes la relève de celle –ci.
Je ne veux pas  que mon peuple devienne le  fossoyeur de sa propre liberté.
Je ne veux pas que mon peuple se conforte  des ténèbres ni du deuil de sa révolution.
Je ne veux pas que mon peuple  dorme sur une poudrière à poings fermés.
Je ne veux pas que chacun essuie ses erreurs sur l'autre et le poignarde dans le dos.
Je ne veux pas que nos enfants grandissent sur  un terrain miné de nuits et de longs couteaux.
Je ne veux plus de clochardisation de ce peuple désarçonné.
Je ne veux plus de cimetière pour  ses rêves de liberté.
Je ne laisserai plus le silence m’habiter ni les fauves m’abrutir  de déjà vu, de violence  et d’obscénités.
Je ne veux plus garder les bras croisés.
Ce n’est pas en tournant le dos à la tragédie qu’on a des chances de l’arrêter!