Je suis tremblante d'excitation devant mon écran.
La nuit commence à gagner du terrain sur un jour où la folie s'est emparée des hommes.
On parle de vandalisme, de vols et de crise de panique générale.
De terribles rumeurs néanmoins aussi importantes que vraies.
Le pire est à décrire.
Ce matin,j'ai accompagné mon mari afin de nous ravitailler en quelques provisions élémentaires .
Des barrages faits de militaires noyés dans des barrages à chaque cent mètres ou même moins encore.Des barrages d'hommes aux visages cernés aux traits tirés, sales, fatigués par des nuits de veille interminablement stressantes mais magnifiquement héroïques.
Un peuple pacifique toujours recalé au plan de peuple tranquille presque effacé si on le compare aux autres pays voisins.
Un peuple magnifiquement héroîque qui s'est soulevé sans arme ni violence pour déchoir un dictatuer non pas sous la dictée de la faim et du pain mais juste pour la Liberté.
Un doux parfum cette liberté .
Elle a l'odeur du jasmin,du musc et de l'ambre mieux encore elle a un goût aux confins du sucré,un elexir qui ramène aux vieux leur jeunesse perdue sous le joug du silence forcé, des voix étouffées , d'un air comprimé infecté de compromis et de peu de dignité.
Une alchimie cette liberté, elle vous prend par les tripes, enflamme les esprits, secoue les derniers doutes,annhile les affres de la PEUR pour regorifier et rendre plus forts plus tenaces.
J'ai livré mon fils unique à ce soulèvement consentante et réconciliée avec moi même.
Mon fils :la prunelle de mes yeux,dhaw ayouni comme on dit et là je veux l'avouer fort et haut que la veille du soulèvement,je l'ai honteusement droguée par un tranquillisant de part ma profession pour qu'il ne se réveille pas et marche avec ses amis dans les manifestations.Il ne se rendit point compte culpabilisant pour un dépassement imposé à son insu.
Le lendemain soit Le 14 JANVIER 2011ce jour mémorable de notre Liberté,j'ai recommencé parceque j'ai inspecté à son insu son FACEBOOK aprés le fameux discours du président non encore déchu qui petit devant son peuple déclinait, baissait les prix et tentait de se racheter minaudant au point de me faire pleurer.
J'ai recommencé au petit matin parceque j'ai appris dans ma violation
de son courrier que le mot d'ordre était de se rassembler devant le ministère pour dire non.
Pour rien au monde,ils ne troqueraient la mort du premier martyr Bouazizi pour un semblant de liberté .
Ils la voulaient entière et sans compromis.
Ils la voulaient vierge, totale et sans aucune tâche.
Et lorsque son téléphone sonna,il se dressa hors du lit comme tétanisé , prit en hâte une douche ne pût rien avaler, m'embrasser sur le front et fit démarrer sa voiture.
Confuse,très petite devant mon enfant qui en une fraction de seconde évoluait en géant,je le rappelle ,mets ma main sur sa tête comme j'ai vu toujours mon défunt père faire,lui plasmodie quelques versets du Coran et lui dit texto:" je te livre à Dieu qui ne perd jamais ce qu'on lui consigne".
Vous pouvez en rire mais je le lâchais fière et consentante avec une intime conviction qu'il partait avec la possibilité de ne jamais me revenir.
Je l'offrais en martyr sans aucune appréhension.
La peur tronçonne dans la chair.
La peur baillonne, étouffe et vous garde en demi-vie.
La peur rend lâche,excrécable et petit.
Infiniment petite,je me suis tenue.
Infiniment lâche, je me suis comportée.
Infiniment aimante,je me suis rattrapée pour lui souffler :va , vis et deviens mon amour.
Et lorsqu'en boucle,les doutes se bousculaient,je ne doutai point.
Et lorsqu'en masse, les médias nous inondaient d'infos et d'images,je ne m'en fît point.
Et lorsqu'en héros, les manifestants étaient bombardés de lacrimogènes et de vraies balles tirées par les snippers, je ne pris point peur.
Et lorsque son père et ma mère fulminaient et m’assaillaient de lourds reproches et de permissivité, je me sentais légère.
Mon fils m'avait étrangement libérée, magnifiquement libérée.
Un sentiment nouveau ou plutôt neuf m'habite.
La peur est un honteux souvenir.
La peur est un lot perdant.
La peur est derrière moi.
La peur est derrière mon peuple qui en une fraction de seconde bascule dans la magie du militantisme et de l’héroïsme.
Je comprends soudainement mieux cette citation Je comprends soudainement cette citation
"Une société prête à sacrifier un peu de liberté contre un peu de sécurité
ne mérite ni l'une ni l'autre et finit par perdre les deux." Benjamin Franklin
C'est que mon fils et ses semblables ont refusé et m'ont appris à refuser le peu de sécurité.
AUCUN TROC N EST PLUS POSSIBLE.
Il m'amène avec tous les autres son rêve de liberté.
Ils le construisent ensemble sas grande préparation ni préavis.
J'ai essayé de le droguer pour sa sécurité.
Il m'a droguée par la Liberté.
Depuis j'y suis accro ainsi que plus de dix millions de tunisiens!
Ce rêve, nous le construisons dorénavant tous ensemble.
Nous naissons ensemble à ce vent de liberté
Dix millions depuis des soirs le construisent ensemble main dans la main sans peur, tête haute et poumons remplis d'un air neuf vivifiant nommé Liberté s'opposant vaillamment à chaque minute à des milices enragées , des snippers qui pillent, vandalisent et lapident dans toute traîtrise et lâcheté.
Ben Ali digérant mal son détrônnement continue du plus loin de sa fuite à commanditer des criminels qu'il a pendant longtemps et sous silence endoctrinés.Des tueurs d'élite dormants méconnus de tous.
Nous les affrontons à tombeau ouvert sans munition ni bombe armés de gourdins et des barrages fabriqués sur le tas dans une hilarité et solidarité sans précédent.
Oui ce qui est fabuleux dans cette révolution, c'est qu'elle a uni par un mot d'ordre général qui est l'immolation de son premier martyr une jeunesse partagée ne pensant qu'à s'amuser mais surtout un peuple désuni.
C'est ce qui rend fort et chacun à sa manière opère pour colmater, aider et surtout se relever.
La liberté est un chant, une fable, un conte de fée qui magiquement devient le sens de nos vies.
C'est pourquoi ce soir et tous les autres à venir, je mettrai sans hésitation mon fils et mon mari ainsi que toutes les autres dehors , face à un froid qui incise, un isolement précaire et sous le son des tirs meurtriers pour non pas nous barricader mais défendre notre LIBERTÉ.
B.R.A.V.O
RépondreSupprimerLa liberté se mérite
La vie c'est la liberté
j'espère Patrick
RépondreSupprimerj'aime à le croire
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RépondreSupprimerOn ne connaît vraiment la douce et pourtant puissante saveur de la liberté que lorsque l'on en est privé... Hélas!
RépondreSupprimerCourage à tous!
t'écouter suffit... et honorer ton courage de mère ...que Dieu vous aide!
RépondreSupprimerEpamin te lire me donne des forces
RépondreSupprimermerci
douce Flo t'écouter de nouveau me remue fort
RépondreSupprimeret si j'ai un truc à vous demander mes amis c de venir me lire pour me suivre suivre mon peuple un peu tous les jours pour mieux le connaitre et plus l'aimer
Bonjour Lilia,
RépondreSupprimerTu as déposé ton coeur et ton âme dans ce billet aux odeurs troublantes de Liberté.
Je t'envoie mille doux et tendres petits bisous.
Sue
tendre Sue,j'ai besoin de tes prières pour nous soutenir
RépondreSupprimerBravo, une belle histoire d'amour et d'heroisme vrais. Dieu merci nous ayant recompense d'amour et de LIBERTE.
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