dimanche 14 mars 2010



Hier au soir, j'ai été au théatre.
Une belle soirée.
Du beau monde.
Des hommes en costume-cravate.
Des femmes de toutes beautés. Des vieilles, des moins vieilles, des maquillées, des siliconées, des fortes, des moins fortes mais toutes en tenues élégantes pour cette sortie du soir.
C'est que les sorties pour le théatre ont toujours revêtu un aspect de chiche et d'élégance, de raffinement et de spiritualité.
C'est toujours du beau monde jamais identique à celui du cinéma surtout intellectuel qui cherche dans la pièce un côté fait de poésie et d'art vivant.
Un public pas forcèment riche mais élitique tant par son esprit critique que par son côté artistique.
Un vieux couple se donne le bras, trottine galamment en escaladant avec difficulté les marches du Colisée, cette belle salle du temps du colon français.
Elle se bat vaillamment pour tenir encore entre des géants poussant de nulle part sans grande âme.
J'ai de la peine pour ses murs tenant mal , ses rideaux d'un pourpre éteint, ses colonnes délabrées , sa mezzanine royale qui semble hurler en silence sa gloire d'il n'y pas si longtemps.
Un brouhaha joyeux couvre avec élégance les files d'attente qui commencent à se faire longues .
Les jeunes,à ma gande surprise bien que je ne sois pas une adepte du théatre ni des sorties du soir ont été en grand nombre.
Je les vois plus à mon grand détrompement dans les pubs ou les boîtes de nuit à danser, rapper , slamer,boire et fricoter mais rien avoir à cirer aux proses et aux vieux jeux.
Je les ai entendus rire partout dans la salle .
Un rire franc et spontané juste parceque le mot appelle au rire .
Un rire sain et asexuel où les instincts charnels s'éclipsent honorablement pour des instincts plutôt spirituels ou tout simplement humains.
Un rire charmant et enchanteur.
Un rire général car nous avons tous beaucoup ri pendant le spectacle.
Un one womenshow superbe où l'artiste , une jeune femme tunisienne a tout simplement excellé .
Un superbe jonglage de personnages, une parfaite maîtrise de l'art sur un merveilleux pouvoir de création.
La création du rire.
Un rire franc et spontané sans faste ni chiche.
Un rire simple où se gargarisent avec force la joie et l'hilarité et où se rendent admirablement l'amertume des jours passés, l'usure des jours sans rire.
Oh! comme nous avons beaucoup ri tous sans exception.
Comme il fait bon de rire d'un rire franc et sans aucune convention.
Oh combien nos têtes tellement savantes, nos corps tellement repus ont perdu le savoir de bien rire, de rire tout simplement.
Un déridement collectif sans gêne ni encombrement.
Juste du rire .
Un rire impérieux regénérant car dans nos vies bousculées chacun à sa façon, dans notre course quotidienne contre les secondes et les minutes,nous oublions souvent de prendre le temps de rire.
Un rire simple et peu coûteux .
Un rire sympathique qui lève les freins et efface le temps.
Un rire bénéfique où il n'y a nul besoin de chirurgie pour gommer les rides.
Un rire vital où il n'y a nul besoin d'anxiolytiques ou d'antidépresseurs pour traiter l'humeur.
Une journée sans rire est une nuit sans fin qui se refuse à la percée du soleil.
Une journée sans rire fait de l'homme un animal ennuyé et ennuyeux .
Une journée sans rire fait de nous des êtres figés et très vieux .
Une journée sans rire est une journée de perdu.
Une journée sans rire est une journée creusant dans le noir et le désespoir.
Une journée sans rire est une journée maccabre qui invite à la mort d'une partie de soi chaque seconde un peu plus .

jeudi 4 mars 2010







Je suis à Jerba depuis quelques jours.
Pour du travail bien sûr..
Jerba la douce.
Jerba l'île des rêves..
Jerba de ma mère,
de ses ancêtres ,
de ses cierges allumées,
de ses rabins,
de sa croix gammée,
de ses illusions retrouvées,
de ses silences confondus,
du temps qui s'est arrêté..
Le soleil n'y fait pas défaut.
Il dore mon dos dur, mes nerfs à fleur de peau.
La mer est là .
Je ne la vois pas bien de ma chambre d'hôtel mais je la devine.
Je l'entends même dans le vacarme des enfants en maillots qui la dénigrent mauvaisement.
Un beau monde:des hommes, des femmes à moitié nus se gargarisent au creux d'une piscine immense sentant le faste mais surtout la poisse javellisée de ces corps tout blanc rappelant les pigeons.
J'entends venir à moi ma grande bleue concubine et conquérante le soir pour bercer mes nuits fragmentées par le bruit de ces tourites en vacances qui se soucient peu du repos d'autrui..
J'entends leur rire, leur discussion au pas de leur chambre et surtout la télé qu'ils allument sans grand souci.
Je l'entends s'introduire sans gêne dans ces rigoles creusées par les passants ou ces spirales de landart.
Chacun y inscrit à sa façon ses rêves et ses illusions, son désamour ou sa passion.
L'hôtel est bondé au grand bonheur des commerciaux .
Jerba ne désemplit jamais..
Des français surtout, des allemands, des italiens mais également des algériens , des lybiens.
Je dois être de ces rares avec le personnel à y rester travailler.
Une ambiance festive, hilare.
Les hommes, les femmes chantent, dansent en tout lieu et se roulent des regards mielleux.
ça parle fort, ça se bouscule presque dans les files gourmandes au buffet et moi je traîne un peu la patte seule en fin de file pour mieux regarder.
J'hésite moi qui ai la parlotte facile à engager quelconque conversation.
Je commence à mimer un peu les étrangers dans leur froid.
Déprime ou gel de la passion?
Je ne crois pas mais juste je fais le plein.
De ses deux qui se cherchent ,
De ce couple de vieux aux cheveux tout banc qui se tient debout difficilement se donnant le bras toujours aussi amoureusement.
Elle n'a d'yeux que pour lui.
Il n'a d'yeux que pour elle.
De cet autre qui sort de table appuyé sur sa canne, cherche une fleur du mince vase déposé et la pique délicatement derrière l' oreille de sa compagne toute rose de bonheur.
De ces deux qui se bécquettent de manière osée et sans grand encombre .
Je prends mon assiette et sors manger sur la terrasse.
Le soleil est si fort,si beau qu'il conqiert la grande masse.
Je n'ai pas faim pourtant je n'hésite pas à remplir mon assiette de multiples mets que je gôute à peine.
Cette opulence, ce faste tamponne mes creux , on dirait.
Je me trouve à forcer la dose sur des choses combien interdites.
Sans scrupule.
Je ne m'en cache pas .
Un, deux, trois péchés mignons..
Une pensée éclair à ma fille et s'il elle me voyait...
Un amour de fille mon enfant tellemnt belle dans son empressement pour les autres, combien soucieuse de ma santé.
Elle me reprendrait en hurlant :tu veux mourir c ça tu es inconsciente ,toi le médecinqu'on dirait pas!
C qu'elle n' y va pas par quatre chemins. Elle irait avec toute la force de son âge jusqu' à me retirer de ma bouche ce qu'il pourrait rester de sucreries que je n'ai pas eu le temps d'avaler.
Elle a pas tort la petite, c que je me suis lâchée la bride depuis que je suis ici..
Au diner, c promis,je me suis surveillée .
Un halot que je ne connaissais que trop commencer à troubler ma vue pendant que je me suis mise au balcon.
Je contemple avec enchantement ce que la nature m'offre avec grâce.
Un charme inoui.
Des palmiers centenaires grattent le ciel.
Des oliviers, des jasmins taquinent l'air.
Beaucoup de soleil
Beaucoup de lumière.
Pas d'ombrage.
Pas de nuage.
Pas de grisaille juste le ciel,la terre, la mer et une poignée d'heureux qui dégustent le jus à perte de vue.