jeudi 4 mars 2010







Je suis à Jerba depuis quelques jours.
Pour du travail bien sûr..
Jerba la douce.
Jerba l'île des rêves..
Jerba de ma mère,
de ses ancêtres ,
de ses cierges allumées,
de ses rabins,
de sa croix gammée,
de ses illusions retrouvées,
de ses silences confondus,
du temps qui s'est arrêté..
Le soleil n'y fait pas défaut.
Il dore mon dos dur, mes nerfs à fleur de peau.
La mer est là .
Je ne la vois pas bien de ma chambre d'hôtel mais je la devine.
Je l'entends même dans le vacarme des enfants en maillots qui la dénigrent mauvaisement.
Un beau monde:des hommes, des femmes à moitié nus se gargarisent au creux d'une piscine immense sentant le faste mais surtout la poisse javellisée de ces corps tout blanc rappelant les pigeons.
J'entends venir à moi ma grande bleue concubine et conquérante le soir pour bercer mes nuits fragmentées par le bruit de ces tourites en vacances qui se soucient peu du repos d'autrui..
J'entends leur rire, leur discussion au pas de leur chambre et surtout la télé qu'ils allument sans grand souci.
Je l'entends s'introduire sans gêne dans ces rigoles creusées par les passants ou ces spirales de landart.
Chacun y inscrit à sa façon ses rêves et ses illusions, son désamour ou sa passion.
L'hôtel est bondé au grand bonheur des commerciaux .
Jerba ne désemplit jamais..
Des français surtout, des allemands, des italiens mais également des algériens , des lybiens.
Je dois être de ces rares avec le personnel à y rester travailler.
Une ambiance festive, hilare.
Les hommes, les femmes chantent, dansent en tout lieu et se roulent des regards mielleux.
ça parle fort, ça se bouscule presque dans les files gourmandes au buffet et moi je traîne un peu la patte seule en fin de file pour mieux regarder.
J'hésite moi qui ai la parlotte facile à engager quelconque conversation.
Je commence à mimer un peu les étrangers dans leur froid.
Déprime ou gel de la passion?
Je ne crois pas mais juste je fais le plein.
De ses deux qui se cherchent ,
De ce couple de vieux aux cheveux tout banc qui se tient debout difficilement se donnant le bras toujours aussi amoureusement.
Elle n'a d'yeux que pour lui.
Il n'a d'yeux que pour elle.
De cet autre qui sort de table appuyé sur sa canne, cherche une fleur du mince vase déposé et la pique délicatement derrière l' oreille de sa compagne toute rose de bonheur.
De ces deux qui se bécquettent de manière osée et sans grand encombre .
Je prends mon assiette et sors manger sur la terrasse.
Le soleil est si fort,si beau qu'il conqiert la grande masse.
Je n'ai pas faim pourtant je n'hésite pas à remplir mon assiette de multiples mets que je gôute à peine.
Cette opulence, ce faste tamponne mes creux , on dirait.
Je me trouve à forcer la dose sur des choses combien interdites.
Sans scrupule.
Je ne m'en cache pas .
Un, deux, trois péchés mignons..
Une pensée éclair à ma fille et s'il elle me voyait...
Un amour de fille mon enfant tellemnt belle dans son empressement pour les autres, combien soucieuse de ma santé.
Elle me reprendrait en hurlant :tu veux mourir c ça tu es inconsciente ,toi le médecinqu'on dirait pas!
C qu'elle n' y va pas par quatre chemins. Elle irait avec toute la force de son âge jusqu' à me retirer de ma bouche ce qu'il pourrait rester de sucreries que je n'ai pas eu le temps d'avaler.
Elle a pas tort la petite, c que je me suis lâchée la bride depuis que je suis ici..
Au diner, c promis,je me suis surveillée .
Un halot que je ne connaissais que trop commencer à troubler ma vue pendant que je me suis mise au balcon.
Je contemple avec enchantement ce que la nature m'offre avec grâce.
Un charme inoui.
Des palmiers centenaires grattent le ciel.
Des oliviers, des jasmins taquinent l'air.
Beaucoup de soleil
Beaucoup de lumière.
Pas d'ombrage.
Pas de nuage.
Pas de grisaille juste le ciel,la terre, la mer et une poignée d'heureux qui dégustent le jus à perte de vue.

21 commentaires:

  1. Très beau, on a envie de venir te rejoindre...

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  2. viens Valy il suffit de le vouloir
    rien d'égale pour se ressourcer

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  3. Un bel endroit pour fuir l'hiver qui s'éternise. Tu n'est pas en vacances, mais c'est quand même agréable de travailler dans ces conditions.

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  4. Je connais aussi un pays où l'été les touristes deviennent encore plus nombreux que les autochtones. Je comprends que l'on puisse éprouvé quelquefois un certain dégoût devant cette invasion. Mais le pays de ce fait s'ouvre à l'autre, découvre de nouvelles ressources. Certains résistent jusqu'au bout. Leur résistance limite et régule les débordements et les excès. c'est salutaire. Je parle d'une île qui a su garder plus ou moins son authenticité, la Corse.
    Comme tu nous fait du bien d'être revenue, Lilia.

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  5. attention à ta santé, et à ta ligne dirait donc ta fille..
    chère Lilia un bonheur de te lire et c'est vrai qu'on s'y croirant dans ce décor si bien décrit

    l'opulence !!! moi qui voit ici dans ma chère Guyane tous ces petits indens, brésiliens, saramacas, haitiens et tant d'autres ethnies vivre presque va nu pieds et le sourire aux lèvres...qu'avons nous donc besoin de tout ce qu'on possède et pourtant ...on veut toujours plus

    je suis heureuse d'avoir pu me connecter pour venir te voir, j'ai bien du mal ici mais j'ai tant d'autres choses ...je rentre le 25...
    je t'embrasse fort ma Lilia que je n'oublie jamais depuis ce jour ou tu as débarqué sur mes blogs tel un ouragan...

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  6. Bonjour Lilia,
    Ton écriture me rend envieuse et pourtant je guète et attend la conteuse qui me fera peur dans son récit trop érudit.

    La fenêtre ouverte m'appelle mais je ne sais pas toujours quels mots y mettre et mes complexes me poussent à fermer doucement cette petite fenêtre.

    Ce soir, j'ai le moral et le courage pour traverser des océans, aller visiter les géants et dire que sans leur sagesse et leur talent, je n'aurais pu évoluer si rapidement.

    Merci grande Lilia! Tes mots simples ou compliqués mêlés à ta générosité m'ont permis d'avancer.
    Becs chinois sue-crés xx

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  7. je suis plus que contente
    heueuse de vous lire un à un
    je guettais le matin dans ma nuit pour venir tôt dans la réception de l'hôtel où il ya la wifi voir si vous aviez répondu présents à mon appel.
    des fois, le doute ombrage puis comme un rayon de soleil vous arrivez avec vos mots un à un chacun à sa façon alors je me relève et je marche vers vous.
    toi Solange que j'aime tant.
    toi Georges si avenant et tellement grand.
    toi ma Grimimi que je comprends d'un non dit, d'un souffle ou d'un clignement...
    toi Nanou un double de moi à sa façon je te guette je t'apprécie et je t'emporte toujors avec moi dans mes ouragans.
    Avous tous qui venez me lire, j'avance et je partage grâce à votre présence.

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  8. envie de te rejoindre...pour t'emmener peut-être un peu plus loin...là où il ne reste que la mer et son bel orchestre,que le ciel et son grand buffet d'étoiles...

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  9. envie de te rejoindre aussi, j'ai jamais visite (c honteux) :((
    amuses-toi bien. tadore tadore

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  10. Une Lilia apaisée, heureuse de retrouver la terre de ses ancêtres, triste de voir ce qu'elle est devenue, incapable d'entrer dans l'artificiel qui l'entoure, succombant en partie aux sirènes de l'abondance et ne perdant rien de son regard amoureux sur l'amour et sur la mer (J'ai tapé l'amer). Comme il est bien écrit ce billet qui oscille, qui tangue et qui s'achève sur une phrase superbe. Merci Lilia.

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  11. Tes écrits, Lilia, sont comme les vagues marines: doux ou puissants, agités ou sereins, porteurs ou déstabilisants, envoûtants ou percutants...
    Toujours, comme les flots bleus, tes mots nous transportent ...ailleurs!,

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  12. Flo comme je suis contente de te retrouver
    des fois, j'ai pensé que tu m'oubliais
    oui comme j'aimerai te rejoindre
    des fois aussi quand je te lis,j'ai envie de te rejoindre ...
    merci

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  13. Sana mon autre fille comme je t'aime

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  14. Olivier, tes mots sont justes arrivent jusqu'à moi et me touchent profondémment

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  15. Epamin, toujours pareille ma tendre amie
    tu m'as manqué!

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  16. Bonjour Lilia, je reviens d'un périple en pays Bédik, d'où mes silences...
    Encore une belle bouffée d'oxygène que ce texte merveilleux.......Merci

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  17. Je suis revenu une fois encore sur cet épisode de ta vie. Je t'ai relu, toute vibrante du plaisir que tu ressens en ton sein, au profond de toi. J'ai lu aussi cette fois, puisque c'est un retour sur mes pas à te suivre ainsi jusqu'au bout du monde, ce que tes amis te disent. J'ai relu ce que te dis par exemple Olivier de Vaux. Tous s'ingénient à te faire offrande Lilia de leur plus belle prose. Et moi qui te remercie des adjectifs dont tu me gratifies, je suis pourtant si petit à ton côté, si malheureux quelquefois de mon passé qui me reviens comme un mistral en pleine gueule.
    Avant-hier, j'étais à Marseille, ma Tunis à moi, et je suis sorti dans la nuit, mordu par un vent d'est violent et glacé, pour aller faire un pélerinage jusque devant la devanture close de deux magasins qu'avaient tenu mon père et ma mère et où j'avais grandi. A pieds, dans cette nuit marseillaise où chacun s'épie, se méfie d'une ombre. J'ai eu tous les courages parce que j'avais tous les malheurs qui ont afflué subitement dans mon être pour me rappeller ma petitesse, un passé qu'a fait ressurgir mon fils chez qui j'étais. Pour m'humilier, me détruire, me rabaisser encore plus que ce que font déjà l'âge et les séquelles de la maladie ancienne. C'est vers toi que je suis revenu m'épancher, toi grande prêtresse de l'âme, des sentiments, des mots vrais.
    Merci pour cette expression "mifigue-miraisin" qu'employait ma mère. Je suis retourné aux sources là où tout a changé mais où j'ai reconnu un petit garçon en culottes courtes plein d'espoirs fous.
    Lilia, je ne savais pas que cette fugue nocturne (je suis parti sans que personne ne m'entende) allait me conduire à Djerba. Je suis encore plus heureux d'avoir bravé la méchanceté.

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  18. bonjour ma chère et tendre amie
    Que Jerba que je ne connais pas ne te fasse pas oublier à quel point la vie, ta vie est belle et précieuse (je n'aime pas le sucre et j n'ai pas les moyns de me promùener dans ces hotels)
    n'oublie pas de prendr soin de toi
    je t'embrasse

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  19. Géco c vrai que je m'inquiètais je te souhaite un bon retour
    je sais que ces voyages te sont indispensables vitaux pour te ressourcer

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  20. Fransua ma douce merci pour tes conseils
    je te lis même si je n'écris plus beaucoup car je suis trop prise ces derniers temps par le boulot
    bises

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