mardi 22 septembre 2009

Devant la maladie, je n'ai plus de mot.....



Par ces jours bénis des cieux
Par ce matin de fête
Par cette fin de journée de l'Aîd
Un acte pieux
Pomponnés, vêtus de neuf
De maison en maison
et là où nous nous rendions
Air de fête et rire
Gâteaux traditionnels salés sucrés
Les enfants , des anges à ravir
Et comme le veut la tradition
N'ont pas fini de tourmenter nos porte-monnaie.
Tout , cela m'était rendu dans la gaité
Hormis , quand je le vis
bien habillé pour l'occasion
flottant dans son pantalon
c'était comme si le linge le portait et non l'inverse
Ses yeux s'illuminèrent à notre apparition
Il nous tint une discussion à peu près correcte
Nous parla allègrement
Seulement, il n'arrêtait pas de faire et défaire
A ses manchettes , un pli.
Sa voix se perdait,
Zézotante et saccadée,
Comme un fil qui se plantait
Comme un enfant pris en faute
Comme un pantin désarticulé
Jambes réunies et bras croisés
Il se faisait tout petit.
Le géant devenu affreusement nain
L'homme retombant brutalement dans l'enfance
La sénescence
L'incompétence
La démence
ainsi que tous les mots qui vont avec
qui signent la fin

Puis , il redémarrait
La raison l'emportait encore sur la folie
Mais pour combien de temps
Le bug ne durant pas longtemps
A mes yeux d'experte
A mon cœur meurtri
Je pris la porte et je m'enfouis.

3 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Je vous lis avec un tel plaisir. C'est un petit scénario pour un plan cinéma. Juste l'image, bien sûr, car le drame n'est pas loin qui vous saute aux yeux. C'est rare, un médecin qui décrit si bien la vie. Il faut d'abord l'aimer.
    C'est tellement facile de prendre de la hauteur.
    Cette semaine en France, est consacrée à la maladie d'Alzheimer. Je suis art thérapeute. Je côtoie le drame depuis 18 ans. A l'oeuvre auprès d'une équipe de soignants, je suis grand témoin d'un naufrage humain, qui parfois emporte mas patients. Leur compagnie me va. Je les aime. Le sens de l'humanité, m'avait dit un jour une psychologue, quand tu ne la trouve plus dans leur regard, est dans celui que tu leur portes. Ca peut nous mener déjà loin, dans l'accompagnement et c'est ce que je pratique.
    Nous venons Marie-Claude et moi de faire connaissance avec un couple franco-Tunisien, qui vit, entre la France et ton pays par périodes alternées de 6 mois, dans la région de Nabeul. Il est possible que nous fassions un voyage par là, pour pratiquer le Land Art. Est-ce loin de Sfax ?
    Continue cette écriture poétique pour notre plus grand plaisir,
    Amitiés,
    Roger

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  2. bonjour, avant de partir au travail, je tiens à te répondre POUR TES MOTS SI GENTILS.
    Moi aussi, leur compagnie me va ET JE LES AIME.
    Des fois encore leur détresse me transperce, me met à plat et je me retrouve presque comme dans le même wagon..
    LA FOLIE me guette presque et tout en moi commence à zézoter à leur rythme.
    Je trébuche dans l'incompétence.
    Je bégaie sur un bon nombre d'erreurs, d'impasses et de maladresse.
    Un tympo infernal parce que je les sens, je les comprends mais me trouve le plus souvent dans l'incapacité de guérir.
    Pas plus tard qu'il y a une semaine et comme je suis gériatre, j'ai été appelé à consulter un malade ayant récemment subi un AVC.
    Sa famille se ruinait en consultation de médecin à un autre.Les toubibs affirmaient des diagnostics plus ou moins réconfortants.
    Lorsque je l'ai vu, il était en pleine crise d'agitation.
    L'ortho venait de sortir à bonne perte car le malade n'arriva à percer une syllabe correcte ni l'expert à piger un instant que son patient avait queue dalle à retrouver la parole autant de recouvrer son mental, sa tête.
    L'entêtement du professionnel de la santé à le faire parler ou écrire aggravait sa confusion, son malaise et son insécurité.
    Je le vis tout de suite dans ses yeux qui roulaient en bille dans leur trou et sa logorrhée qui s'accentuait.
    Je pris ses mains dans les miennes,je les pressais et je lui dis que je me contrefoutais qu'il arriva à bien articuler ou pas.
    Je lui que je connaissais sa peur et que je connaissais sa détresse.
    Je lui dis encore que j'entendais ces voix qui remplissaient sa tête et le perdaient.
    Il se tût brusquement et se leva pour me ramener un cadre sur lequel il y avait sa photo en compagnie de notre président qui le saluait et signait la photo en le remerciant pour ses valeureux services.
    Je lui dis que j'avais tout de suite compris à sa tenue, son port et sa panique qu'il s'agissait d'un grand monsieur et que nous devions ensemble travailler pour limiter les ravages de l'accident vasculaire.
    J'omis sciemment de parler de démence.
    Je lui donnai un stylo et une feuille et lui dis d'aller dans son bureau me remplir sa journée.
    Je ne sais si cela va marcher.
    JE NE SAIS SI CELA VA ABOUTIR.
    MAIS ce dont je suis certaine c'est que tant que je restai là bas dans sa maison, il ne dit plus un mot,il ne hurla plus et lorsque sa fille rentra dans sa chambre, il dormait à poings fermés.
    Chose qu'il n'avait pas fait depuis des jours et des nuits.
    tout cela pour te dire Roger combien il est pénible de travailler à plein moteur mais dans le sens incertain presque négatif s'il n'y avait pas ta phrase que je te reprends avec beaucoup de foi "leur compagnie me va et je les aime."
    Sfax est la ville où suit ma fille ses études, moi j'habite Tunis juste en face de la mer dont seuls les flots arrivent à calmer mes rumeurs...
    Tu sais la vie est réellement bizarre ma fille a été accepté à Caen pour faire sa médecine.tout a été fait en ce sens et nous comptions l'envoyer là bas en ce mois de septembre puis elle opta pour Sfax POUR DE NOMBREUSES RAISONS
    mes amitiés et lorsque tu viendras avec ta charmante épouse, vous serez les bienvenus.

    Lilia

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  3. J'ai lu ton récit et la réponse au commentaire et je comprend, j'ai fais du bénévolat pendent 11 ans dans une résidence d'Alzheimer et de personnes en perte d'autonomie et leur désarroi fait peine à voir.

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