samedi 19 décembre 2009

La prison,









Je reviens de ma journée exténuée.
Du pain sur la planche.
Des maux à traiter.
Des mots à placer.
Une confiance à garder.
L'espoir à semer dans ces regards hagards qui fuient,
que je suis au rythme de mes certitudes, de mon modeste savoir et surtout de ma fulgurante passion ou alliance aux fleurs du mal, aux abîmes de la souffrance humaine.
Je surfe sur le net, je visite des amis pour décompresser,je réponds à quelques uns,je compatis avec d'autres .
Je m'arrête chez Sylvie que j'aime beaucoup.
Son style me plaît.
Il est léger à mon coeur et mes pensées.
Je lui réponds à un texte sur le livre qu'elle tente de choisir pour l'élu d son coeur.
Honte à moi, c'est un roman-fleuve que je lui "répands".
J'ai dû l'ennuyer mais l'histoire vraie que je reprends est tellement unique et belle que je tiens à vous la conter.
Un jour, le hasard fait que je connaisse la prison non pas y entrant mais en l'étudiant de loin et de près .

C'est un monde à part la prison et je n'ai aucune honte à l'avouer.
Un mode fait de fer et de braise.
Un mode fait de bras de fer et de coups bas.
Un monde fou, fort et puissant dispensant les humiliations, la torture, les déchéance humaine et surtout l'homme amoindri.
Etre le chien et le chacal, il préfère toujours se chercher un maître.
L'homme en prison devient un être méconnaissable, à part sans entité , sans estime de soi.
Il est ramené malgré lui à un état de bestialité où tout raisonnement frôle l'absurde, toute justification impossible.
Rares ceux qui en sortent indemnes, sans grand dommage, sans grande perte comme cet homme, ce français un dealer de drogue je crois qui a atterri dans nos prisons .
La pire des calamités, la prison.
Un livre le sauva.
Avicenne de Gilbert Sinoué bien qu'il soit bon et dont je ne fais aucunement la publicité car cela aurait pu être un autre mais son avocate je crois ou une messagère de fortune je ne sais pas exactement le lui ramena.
Lire est parmi les rares activités d'homme pensant permises dans nos prisons.
L'un des rares plaisirs encore accordé probablement parce que certains responsables sensés ont dû comprendre que coupé de tout l'homme peut encore survivre mais amputé de la lecture, des mots, de la réflexion et du rêve , la mort lui serait plus honorable.
Ce livre le sauva d'abord de ce monde carcéral infâme, de l'abjuration, de la descente aux enfers et surtout de lui-même .
Chaque semaine, le bouquin faisait la navette entre lui et la femme.
Des notifications furtives en bas de page, des allusions muettes, des souffles coupés
par peur d'être découvert et se voir confisquer le seul fil qui le retenait encore à un semblant de vie, de dignité car la prison est parjure.
La prison est charogne et odeur de vomi,de sperme et de pisse.
La prison est usure et regards aux abois.
Elle est misère, censure, ululement, senteurs putrides, immondice et bas fond.
Elle est complainte continue sur des vies biaisées en permanence où la félation, le viol, le vol, le crime sont une monnaie courante.
La prison est l'endroit où l'être humain se doit de se transformer en chacal au risque de se perdre à jamais.
La prison c'est pire encore.
Si l'horreur a un nom, c'est bien la prison.
Le livre sauva l'homme de ces bouts de nuits interminables en lui offrant l'amour en contrepartie.
Il s'y accrocha, en fît sa perche, se raccomoda avec l'humain qui s'émiettait en lui pour se frayer une place dans un soleil crucifié mais jamais éteint .
L'amour, le livre dans ses voyages le ressuscita à la vraie vie.
J'eus ouïe dire par la suite qu'à sa sortie, il abdiqua de son vieux métier, épousa l'avocate.
Je ne fis pas partie des invités mais j'eus juste droit par le même hasard à gouter aux délices de ce livre voyageur que je garde encore avec ses mots d'amour en bas de page.
Je le fis signer par son auteur,il y a voilà deux ans lors d'une séance dédicace lors de sa visite en Tunisie mais là commence une autre histoire que je ne raconterai.

voilà Sylvie ce à quoi ton texte" le livre" m'a fait penser.

24 commentaires:

  1. IL est très beau ton texte.La lecture permet une élévation d'esprit qui fut salutaire à cet homme.Je ne connais pas cet auteur mais tu piques ma curiosité.

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  2. TU es plus belle tendre Solange dans tes mots
    merci

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  3. J'aime les histoires d'amour et celle-ci est merveilleuse.
    Tu trouveras cela peut-être paradoxal par rapport au contexte carcéral mais je trouve qu' il y a beaucoup de poésie dans ton texte.
    L'idée qu'un livre peut faire tomber les murs de nos prisons mais peut aussi soigner nos blessures, peut permettre de se raccrocher à la vie ou de trouver un chemin me plait beaucoup.
    Ma bouée à moi restera " Que ma joie demeure " de Jean Giono.

    De cette histoire, tu devrais écrire...un livre.


    Je me permet de te faire la bise

    Greg

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  4. Bonjour ma belle,
    Un billet fort intéressant. Il est vrai que des hommes et des femmes vont en prison pour parfois un crime qui peut aller du pillage à l'infamie la plus ignoble ; ils se retrouvent derrière les barreaux sans avoir d'autre liberté parfois que de lire quand ils savent ...
    Ton billet est vraiment captivant.
    Un livre que j'adore, c'est la Chrysalide de Aïcha Lemsine ... Une vision de l'amour, la vie durant une période ou la guerre fait rage. Une belle histoire sur la vie d'un peuple.
    Je t'embrasse fort

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  5. oui Greg,j'ai écrit ce livre il y a qq années "ruminations" je l'ai appelé mais je ne l'ai jamais publié. Le courage des grands m'a toujours manqué!

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  6. oh amie des enfers noirs, je t'ai suivi dans tempérance mais j'arrive pas à mettre des com
    comment faire
    je t'embrasse

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  7. Bonsoir Lilia,
    Je n'ai pas essayé mais il suffit de cliquer sur la photo avec un croissant de lune.
    Sourire, personne n'a aimé mettre un commentaire sous le signe de deux squelettes qui s'enlacent, rire. Du coup j'ai remplacé la photo par le croissant.
    Je t'embrasse ma belle.

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. oui gratification,je te comprends dans ta colère et frustration mais seuls nous ne pouvons rien unis nous pouvons tout changer.
    MERCI

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  10. j'arrive sur le tard...
    Ton évocation, surgie de mes mots, est dans le droit fil de mes pensées livresques. De ce rien en bouts de mots qui soutient la vie.

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  11. Lilia,
    Pendant deux ans, la lecture a sauvé une grimimi du désespoir.
    Tu es très très grande chère Lilia.
    Je t'aime gros comme xxxxx ça

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  12. wow, une belle prolongation à partir d'un autre texte. Je serais curieux de savoir quel beau texte naîtrait d'une photo land art ...
    et je me demande quelle composition land art naîtrait de l'un de tes textes. M'autorises-tu à piocher dans ton blog pour inspirer l'une de mes futures réalisations? Je suis certain que cette idée plairait également à Geco...

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  13. J'avais eu l'idée, il y a quelques années, d'aller partager, avec mon enthousiasme d'instit, mon amour des mots, des livres et de la littérature avec ceux qui, pour des raisons diverses, ont été privés de liberté.

    Il se trouve qu'au moment où je voulais entrer en formation pour suivre ce parcours, l'évolution du comportement d'un de mes jeunes élèves, particulièrement marginalisé, m'a fait comprendre que mon rôle auprès des enfants était tout aussi important. J'ai réalisé que certains de mes mots pourraient peut-être leur éviter la prison...
    Je suis donc toujours de ce côté des barreaux...

    Beau billet, Lilia, et on lit tant de choses entre les lignes...

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  14. Ton texte est vraiment beau. Il m'a émeut, il m'a donné des frissons... j'ai connu un homme qui a été en prison... Dans les rares occasions qu'il s'est ouvert à moi sur son expérience s'était tel que décrit dans ton texte, sans oublier la peur.
    Mais ça m'a rappeler mon enfance et mon adolescence... surtout mon adolescence...
    Je n'étais pas en prison tel quel mais j'étais enfermé dans ma tour et seul les livres ont pu percé à jour une partielle de bien-être dans ce calvaire...

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  15. comme si les mots pleuraient des larmes de libertés inondant les déserts de la bétise humaines pour que surgissent quelques instants ou l'on se surprends a caresser les profondeur de notre etre intérieur

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  16. Pioche Emmanuel pioche tout l'honneur sera pour moi

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  17. Epamin ton métierest des plus beaux
    prends en soin car beaucoup l'ont défiguré
    si tu veux lis moi dans mon début du blog" un jour j'ai eu à ma consultation"

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  18. xjanettix
    merci pour ta visite
    tes mots me touchent

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  19. toi aussi Jéza tes mots me touchent

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  20. quand tu écris ainsi, c'est ton coeur qui parle et comme il est très grand ta plume est très bavarde
    bonne journée

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  21. Je viens de tout imprimer ce qui concerne ton post LA PRISON.
    Sur l'écran, j'ai du mal à tout enregistrer.
    Ainsi à tête reposée je vais lire, surligner, commenter dans la marge.
    Je deviens ton exégète.
    Je veux entrer dans la grotte d'Ali Baba (tu en parles quelquefois de cette grotte, non?)
    Pour l'instant, je vais conduire ma voiture chez l'expert. Tu te souviens de notre premier contact? Tu avais dit "Tant pis pour la voiture". Et j'avais renchéris.
    Tu parles, qu'est-ce qu'une voiture
    face à tes textes, face à toi?
    Je te dis tout sur LA PRISON.
    A bientôt!

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  22. Dans ce texte, Lilia, tu es conteuse.
    Conteuse d'une émotion qui t'étreint.
    Tu montres ton penchant à aller
    vers ceux qui souffrent,
    tu affiches une empathie profonde
    vis à vis de l'humain,
    y compris lorsqu'il prend le visage
    d'un border-line.
    Il y a même une attirance chez toi
    pour ce type d'individu.
    Par ailleurs, sensible et à l'écoute,
    tu décris ce qu'est l'enfer de la prison,
    sans pudeur, sans retenue.
    Tu nous y plonges.
    Ici, Géco, Lilia est un Giono.
    On baigne dans "Que ma joie demeure".
    Je vis dans le pays que cet auteur a dépeint
    et je t'ai reconnu.
    Voilà pourquoi, Lilia est une grande dame.
    Et de rester sur ma faim
    (cette rencontre avec l'auteur du livre)
    me fait prendre conscience d'un manque.
    Qui sont les créateurs de blogs?
    Derrière quoi se dissimulent-ils?
    Par respect et par pudeur,
    tenons-nous loin de leurs secrets,
    de leur histoire.
    Ils ne nous apparaîtront
    que plus grands encore.

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  23. Je ne crois pas au destin, au doigt de Dieu, etc. Je ne crois qu'au hasard, et encore j'appelle plutôt ça PROBABILITES.
    Mais sais-tu ce que je suis allé voir jouer ce soir, le jour même où j'ai relu ton post PRISON et écrit ce 2° commentaire qui se veut être une analyse, un exercice pour améliorer ma compréhension?
    LE PROPHETE, un film sur la prison qui a été primé au dernier festival de Cannes!
    Figure-toi que je t'ai eue assise à côté de moi pendant tout le film. Je voyais en images ce que tu dis de cet enfer. Tu n'en serais pas par hasard la scénariste cachée? Je ris, je m'amuse de cette coïncidence. Mais, à peine. Pourquoi les probabilités pour une fois tomberaient-elles à pic?

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