dimanche 3 janvier 2010




Parce que j'ai écrit de mes yeux dans une cérémonie gaie.
Je me dois de porter ces mêmes yeux dans d'autres circonstances moins gaie.
Nous en discuterons à volonté par la suite.


Hier, j'ai été à un enterrement.
Je n'aime pas les enterrements.
Cela me rend mal à l'aise.
Peut-être parce que cela remue involontairement en moi quelques rudes souvenirs ...
Peut-être parce que le seul souvenir de la mort nous confronte avec notre propre mort !
Je n'aime pas ces ambiances mortuaires.
Ce n'est point ce corps froid qui gît entouré de sa famille dans l'attente d'un dernier au revoir qui m'indispose le plus.
Mais toute cette mêlée de gens qui arrive d'un peu partout.
Je n'aime pas cette assistance qui du vivant du mort ne le voyait jamais ou presque et qui une fois sa mort annoncée,
revêt un subit intérêt,
des marques de sympathie devenues tellement inutiles.

J'ai traîné la patte avant d'y aller.
J'ai hésité
me suis trouvée milles excuses pour ne pas y aller.
Puis une seule image a fait grand écran dans ma tête.
Elle s'est imposée à moi,
m’a définitivement happée,
aspirée comme par un aimant :

Celle de mon père sur son lit de mort.

J’ai une dette envers la défunte car c'est d'une femme qu'il s'agît...

Je me suis ainsi vue conduire vers elle avec un réel empressement.

L’air était sombre et chargé.
Des rafales de femmes et d’hommes.
Les hommes pressaient le pas pour arriver les premiers et tenir une place notoire à côté des hommes de la famille de la défunte.
Ils étaient presque tous costume –cravate des plus soignés comme il sied à la circonstance.
Ils étaient ridicules dans leur sollicitude !

Les femmes s’amenaient par vague dans des tenues des plus élégantes.
Coiffures des plus soignées.
Bijoux de grande valeur aux cous et oreilles.
Lunettes noires assorties cachant bien tout le visage.
Sacs griffés à leur bras savamment accrochés .
Une grimace aux lèvres faussement tourmentée .
L’ombre d’une larme de crocodile soigneusement posée sur leurs yeux discrètement bien maquillés.

Que du beau monde!
J'avoue qu'il s'agit d'une notoriété!

Des yeux errants, ils s’efforçaient de percer les ombres à la recherche d’une connaissance fructueuse, d’un visage sympathisant pour engager quelques chuchotements des plus virulents.
Ils ne se gênaient point de souffler quelques ragots, de fignoler certains passages ou s’immiscer dans une intimité en rapport avec la personne qui depuis quelques instants avait disparu.
C’est à peine s’ils avaient pour la majorité croisée la disparue mais presque tous étaient là par complaisance, par notoriété de la défaite et des fois par curiosité.
Juste pour être dans la bonne grâce des descendance de la défunte.C’étaient d’une médiocrité d’incendie.
Seule une poignée de parents proches semblaient réellement affectée.
Des sanglots véritables les soulevaient et ils n‘avaient point besoin de décréter la tristesse.
Ils savaient depuis quelques instants qu’ils étaient devenus à jamais ORPHELINS de cette grand-mère, mère ou sœur.
Et il n’y aura jamais assez de mots pour une telle douleur.

Dans pareille circonstance qu'on aime à mystifier et celle d'hier qu'on aime solliciter qu'y a-t-il de vraiment inchangé?

Seul le regard de l'homme reste le même.
Cette cupidité.
Cette véracité.
Cette médiocrité à ne regarder et n' applaudir que ce qui brille, le reste n'est que futilité.


Juste par honnêteté.
J'ai écrit ce texte il y a voilà une année!

10 commentaires:

  1. Lilia
    C'est bien triste on oublie qu'on accompagne le défunt dans sa dernière demeure pour que nos prières le suivent, pour que l'âme de celui-ci repose en paix, qu'elle ne soit jamais oublié.
    J'ai assisté a une veillée funèbre, les femmes et les hommes étaient nombreux mais ils n'étaient pas triste, les uns parlaient de leur vie, les autres du défunt... La famille a fait le nécessaire pour que les invités ne manquent de rien, une ambiance je dirais étrange ... Pas de riches, une majorité d'hommes et de femmes modestes, je me demande ce que je faisais là bas, je ne connaissais pas le défunt, ma famille non plus.

    J'adore les cimetières, j'aime contempler le calme qu'il règne dans ces lieux, j'aime l'idée du repos.

    Je t'embrasse ma belle,
    Très fort

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  2. La comédie humaine jusque dans nos derniers jours. Par contre le cimetière avec juste les morts j'aime bien visiter.

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  3. "Juste par honnêteté"
    Ces moments où l'on se farde de nos masques de cire, tant pour le mariage que pour les enterrements...
    Et ce sont les moments qui méritent juste de l'honnêteté...
    Merci pour la tienne, tu nous fais baisser les yeux, il suffit "juste" d'en avoir conscience, c'est humain...
    Ce sont de très beaux textes, nourris de ta sève vive même brûlante de vie...
    Bisous****

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  4. Juste une poussière d'étoile Leila pour te remercier de la tienne.
    Je ne pense pas revenir, tout au moins chez moi, car chez vous, je me plais toujours à vous visiter.
    La paix est en moi, douce Leila, elle ne m'a jamais quittée :-)

    A bientôt ici...

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  5. dire que je déteste n'est pas le bon mot
    car autour du cercueil (même si pour moi, le corps n'est pas là) bien des choses arrivent qui regardent les vivants: un sacerdote qui en profite pour faire un sermon du dimanche, des gens qui sont là parce qu'il faut, qui papotent surtout de rien en "attendant de donner leurs condoléances", des mises plus ou moins recherchées car c'est un rendez-vous mondain auquel il ne faut manquer.
    Je suis allée à un, par mémoire pour cette petite vieille, à un autre par respect de gens que je retenais proches (avec téléphone de travail à la sortie de la cérémonie.......... sans pouvoir faire comprendre que je ne pouvais pas répondre et des gens qui me faisaient les gros yeux, alors que je m'étais éloignées et qu'eux ils parlaient du repas de midi qui s'approchait...)

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  6. Ces moments de "retrouvailles" (mariage, baptême, enterrement...) ne sont pas des moments de vraie humanité car on est là, un peu obligé et comme tu le dis, si bien, ma chère Lilia, certains aiment à y venir totalement déguisés, dépouillés de tout état d'âme...
    Rien à voir avec ces grandes retrouvailles décidées "pour rien, juste pour être ensemble" où viennent ceux qui veulent en sachant qu'il faudra verser sa petite participation financière pour que cela soit possible. Là, les regards, les embrassades, les serrements de mains, les mots, les rires partagés, les souvenirs évoqués nous placent presque en état de grâce...

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  7. Bonsoir Lilia,
    Les rituels ont tellement changé. J'écrivais l'histoire et c'était trop long. J'ai effacé et j'en ferai un billet.
    Tu as ouvert une porte, des mots sont entrés et sortiront librement.
    Merci! Ton billet dit vrai et plus...
    Becs chinois belle Lilia

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  8. c'est le premier texte que je lis ici...et forcément çà me remue...car moi depuis la mort de mon papa ou nous étions 4 serrés les uns contre les autres et celle de ma chère et importante amie Lily il y a 3 ans je ne fais pas semblant...je n'y vais plus...je ne peux plus...
    Quel magnifique texte en tous cas...
    je retrouve ici des noms que j'aime , ou qui me manque comme Bérénice....c'est drôle, sans qu'on se connaisse
    Merci de votre viste chez moi, avant de répondre, la politesse d'aller voir qui m'écrit
    je ne suis pas décue
    belle journée...

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  9. J'aime bien aller visiter mon père au cimetière.et j'aime aller dans cet endroit de silence ....

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  10. Les cimetières peuvent devenir des lieux où l'on peut rêver si on y est seul. J'avais deux heures d'avance le jour des funérailles de mon oncle mlaternel. J'ai tenté de retrouver le tombeau de ma famille paternelle au cimetière St-Pierre de Marseille. Depuis la pratique de l'incinération, nous n'allons plus sur les tombes. Je connaissais l'endroit où il se situe : enfants, mon frère et moi nous accompagnions notre mère qui allait fleurir la tombe de notre père (j'avais 10 ans lorsqu'il est mort). Je n'ai rien pu reconnaître : les noms sur les tombes sont effacés. Je suis passé, repassé vingt fois. Du fond de leur tombe mes parents ont dû me voir. Aucun ne m'a appelé pour me dire : "C'est ici que nous sommes, tu vois la pierre blanche?"
    J'ai rejoins le funérarium où m'attendait le corps de mon oncle. J'avais le coeur léger : mon père n'était pas dans ce carré 27. Il était bien au fond de moi où je le garde vivant.

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