jeudi 24 février 2011

Aujourd'hui à la kasba...



Je suis à place la kasba, la place du gouvernement.

Des jeunes beaucoup de jeunes,des moins jeunes voire des enfants affluent de toute part.

Les rues tonitruantes des souks ramènent sans arrêt du monde pour soutenir les manifestants.

Les rumeurs disent que des caravanes de soutien arrivent de l'intérieur du pays.

J'ai vu ce matin en prenant l'autoroute de la marsa pour m'y rendre une foule de jeunes sûrement des élèves descendre les vingtaines de kilomètres les séparant de la kasba à pied escorté d'une voiture de police et un camion de l'armée pour leur assurer le chemin.

Tout se passe dans l'hilarité du regroupement, les chants de la révolution.

A la basba, des chars de police bondés sillonnnent sur toute la place, des gendarmes, des agents de la circulation, des flics en civil font foi de présence sans aucun affrontement jusque là.

Des camions de militaires sont stationnés sur la place dos au mur de la kasba et non en cordon autour des manifestants comme la dernière fois..

Les manifestants sont pris en sandwich entre les militaires et les agents de police .

Cette situation est plus confortable pour les manifestants car ils ne permettront plus aux militaires de se retirer comme la dernière fois celle du fameux vendredi pour les livrer crus et à découvert aux policiers armés.L'un des manifestant a même proposé de s'étendre sous les chars militaires au cas où ils vodraient quitter la place.

Cela a été applaudi à l'unanimité.

Des chants révolutionnaires à commencer par l'hymne national béni, des slogans vigorifiant harmonieux, mélodieux et des fois inventés sur le champ comme celui " SOB SOB YA MATR EL GANOUCHI FI KATAR" soit "verse verse averse el ganouchi est en danger" pour applaudir la forte pluie qui nous rafraichira pour un instant.

Des marchands ambulants ont envahi rapidement la place offrant leurs cocktails d'occasion et assurant ainsi leurs gagne-pains de la journée .

Je suis scotchée par ces jeunes si unis de toutes catégories sociales: des gens de la faculté de médecine sont sortis de leur tour et ont appelé vaillamment à l'action,

Des étudiants venus des facultés voisines, une caravane d'étudaints du campus sont venus à pied les rejoindre, d'autres des villes de toutes la Tunisie

Des intellect avec des chômeurs, des travailleurs, des avocats, des médecins, des journalistes couvrant l'évenement et le flux continue à grossir tout le long de la journée.

Des drapeaux , des banderoles, des inscriptions honorent les murs de la kasba mais surtout une organisation sans égale.Des amateurs devenus héroiquement Pro.

J'approche la galerie où se regroupent les manifestants de la première nuit.Un, deux, trois...personnes me barrent délicatement le chemin.

Je livre le nom de mon fils et l'on me fait passer.

Je suis transportée par mon bébé devenu brusquement en la fraction de un mois un Homme.

Je leur propose mon aide,des médicaments.

Ils s'empressent de me faire visiter ce couloir transformé en camp de réfugiés.

Un coin est réservé à l'alimentation des manifestants.Des stocks de victuailles, d'eau commencent à s'amonceler.Tout est fourni par le peuple.

Chacun apporte discrètement sa participation.

Deux ou trois femmes d'un certain âge gardent le coin repas, s'affairent autour des sandwichs préparés proprement sur le tas.

Je jette un coup d'oeil sur l'hygiène et je constate agréablement qu'un groupe d'hygiène s'est mis en place pou rcouvrir l'évenement.Les mégots de cigarette, les bouteilles d'eau, les papiers tout tout est vite ramassé sur toute la place dans de grands sacs pendant toute la journée par des bénévoles gants en plastex aux deux mains.

Je constate aussi que certains dorment sur des cartons en guise de lits d'occasion lovés dans leur manteaux ou de maigres couvertures.Cela doit être les manifestants qui ont veillés tard pour cette première nuit de siège à la kasba.

Une organisation populaire sans grande préparation mais tellemnt éprouvante.

Que d'émotions lorsqu'en une seule voix,les manifestants se soulèvent et clament le départ des restes de ben ali en commençant par Gannouchi le premier minbistre .

Je ne suis pas malheureusemnt politisée et n'y comprends pas grand chose mais les revendications de ces jeunes sont très défendables.Ils réclament le départ déjà cité ainsi que la dissolution dgouvernement actuel imposé sans la volonté du peuple.. En effet,je lis une grande pancarte où sont énumérées les revendications des manifestants: dissolution du gouvernement et du parlement, destitution de la judicature, formation d'une assemblée constituante élue par la volonté populaire.

Je me promène entre les manifestants..un air de fête,les gens sont détendus enflammés certes par cette fièvre révolutionnaire mais jamais violents même les corpuscules dispersés de part et d'autres discutent souvent fébrilement,interchangent les avis , reprennent leur discours pour s'emballer de plus belle.

Je m'approche timidement d'un attrouppement, tends mon oreille et reconnais celui qui débat:c'est un avocat animateur de la télé privée hannibal qui en a été récemment écarté pour son patriotisme et ses idées révolutionnaires contre cette télé pourrie vestige par alliance du régime déchu.

Je glisse mon attention vers cet autre groupe :un jeune homme barbu discute de la révolution, de la position des islamistes dans cette révolution et de tolérance de l'islam.

J'approche un groupe de policiers.C'est une bande de jeunes , de nouvelles recrues on dirait.

J'en aborde un très jeune et lui envoie en pleine figure:j'espère que vous ne frapperez pas les manifestants ce soir comme la dernière fois!

Je ris de mon audace,plus d'un mois en arrière,je n'aurai jamais osé nargué un flic ni même traversé le même trottoir.

La peur est derrrière nous. Plus jamais, nous ne redeviendrons des rats et nous nous ne se cacherons plus pour mouriir.

Ivre de cette potion nouvelle et fantastique qu'est la liberté, je m'engage entre les manifestants, c'est un groupe cette fois d'artistes et des comédiens .Je suis emportée par cette vague de liberté .Une ambiance plus que conviviale.

Je suis émue. mieux encore je me sens retombée dans la jeunesse c comme si les années pélaient comme des peaux mortes de ma personne d'il n'ya pas si longtemps réservée et tellement prisonnière d'un canton de conventions, de règles, de mensonges et de faux semblants.

Je me secoue comme pour faire tomber définitivement mes chaînes et me dissous parfaitement dans la foule et chante en une seule voix " Dégage, dégage..."en nous tournant tous dans un seul mouvement de la main vers le palais du gouvernement.

11 commentaires:

  1. c'est fini Lilia !
    Fini cette vie de "rat" quise "cachent pour mourir"
    .. fini la peur de dire...
    Vous allez vous épanouir
    créer un monde nouveau..
    n'oubliez pas l'amour... c'est ce que vous venez de semer..!
    Je t'embrasse
    Vous êtes formidables... tous !

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  2. merci Patick,je t'attendais pour partager
    merci ctellemnt fabuleux, magique et unique

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  3. Adieu l'entonnoir, la répression, la corruption, le malheur et la tyrannie!!! Bienvenue la liberté, l'air pure et frais sans précédant! Bienvenue pour le peuple solidaire et unifié sans égal! T'a bien décrit chère Lilia.
    T'adore T'adore.

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  4. Ma formidable Lilia mon amie de Tunisie , ton merveilleux pauys courageux et intelligent ,
    rappelle toi il y a quelques temps ou je te disais que ton fils , malgré tes craintes, devait vivre ces évènements de toute son énergie et la foi de sa jeunesse, comme tu es fier de lui comme tu le peux, de tout ce peuple comme je te sens joyeuse et libérée...
    comme c'est bon de te lire et d'être toujours là, près de toi...

    ma petite "mère de la révolution" ma chère Lilia
    je t'embrasse fort fort ...
    continue à prendre soin de toi et à exercer ton formidable métier

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  5. bon la Tunisie change mais pas mes fautes ... :-)

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  6. nanou ma belle nanou tout à l'heure à la place de la kasba,je m'approche d'un couple sexagénaire de français, la dame semble un peu plus jeune,.
    je les remercie d'être là parmi ce million de tunisiens sortis réclamés ce que j'ai énuméré dans mon texte et qu'on a appelé " le vendredi de la colère"
    ils semblent légérement effrayés un peu perdus hors du temps et des événements..je me propose de répondre à leurs doutes
    je secoue leur frayeur qui comme tous les occidentaux se ramènent à l'intégrisme..
    j'ai une pensée pour toi c'est comme si tu étais devant moi alors je parle je parle et les emporte avec moi dans ma joie, allégresse et ces airs de fête
    je les quitte en leur refilant mon adresse de blog
    je pense encore à toi en ayant ce geste

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  7. une chose à dire: la force, celle de la détermination et de la conscience d'être.

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  8. merci chère Lilia... quelle leçon on se prend, nous les nantis qui nous plaignons de tout ...

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  9. Bonjour chère Lilia,
    Le peuple a décidé qu'il avait droit lui aussi à la "Liberté". Il faut une dose de motivation pour enrayer la peur et faire naître le courage. Après toutes ces années d'exploitation et d'humiliation les Tunisiens ont marché main dans la main pour faire leur révolution.
    Ton fils est devenu un homme en quelques heures et le restera toute sa vie comme son grand-père (ton père) avant lui. Tu as raison d'en être fière...

    Mille doux et tendres petits bisous.

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  10. merci Sylvie d'être là
    oui nous sommes tous unis pour une fois pour la même cause
    que c beau de respirer à nouveau

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  11. GRIMIMI comme tes mots sont les bienvenus pour mon coeur tellement partagé entre une mère ki veut garder son enfant et la citoyenne qui veut rester libre

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