mercredi 4 novembre 2009

C'est décidé.
Ce soir, je quitte Nouakchott, la ville aimantée.
Une ville sale, aux peaux de misère.
Mendiants et estropiés colorient comme une plaie cette unique société.
Une ville fonctionnant en mode veille.
Siamoise,à visage double un pour le jour,un pour la nuit.
Un peuple à part, la Mauritanie.
Les gens s'aiment-ils en Mauritanie?
La femme est-elle femme,
L'homme homme?
Homme chaman, femme tyran
trouvent à deux dans l'amour une drôle d'expression.
Se cherchent se brouillent
Se cultivent s'apprivoisent pour un court moment.
Se déchirent se jettent sans grand encombrement.
Je rentre dans "capital" une dernière fois.
Je survole les vendeurs groupés comme des nuées.
Mouches, eaux stagnantes,odeurs montantes dans une lourde promiscuité
Vendeurs de tout, échangeur de monnaie
Gris-gris et magie noire
Mentalité profondément ancrée dans l'ignorance et la simplicité
Un peuple nomade qui se plait dans son ébriété
Vaseux somnolent roulant un bâton au coin d'une lèvre,les yeux à demi fermés
Bâton d'arak ou de drogue non spécifiée
Étrangers suceurs de sang viole son intimité
Entretiennent la loi de la jungle et se soucient de non condamner
Gouverneurs et gouvernés
Le tout dans le même sac.
Pas d'isoloir juste une poignée de miettes pour ce peuple affamé.
Les richesses vautrent les cours des blancs, ces maures vénérés.
Le disque revient inlassablement ébréché
Un peuple, un monde à part la Mauritanie.


NB:
Je pars vraiment ce soir.
Je prends un avion de nuit.
J'aime la nuit, le ciel by night comme on dit.
Je laisse ici une gamine de 23 ans,la jeune fille qui m'accompagnait
Tout à l'heure au restau pendant la pause (car je donne cours jusqu'au soir toujours au personnel navigant),j'ai eu une discussion franche avec elle
j'ai toujours aimé jouer franc jeu
Je suis nulle dans les sentiments
ça foire toujours
La vanne a lâché.
Le libanais, notre hôtelier depuis une semaine qu'il nous connait, est venu nous voir plusieurs fois.
Il s'est acquis délicatement de nos yeux rouges, nos nez enflés et de nos hoquets.
Il se fait par la suite très discret devant ce fleuve qui coulait d'elle et de moi.
Nous avons eu une vraie conversation entre adultes.
Entre deux femmes.
C terrible deux femmes face à face.
ça craint deux femmes qui s'affrontent.
C'est terrible, deux femmes qui se déchirent le même homme.
Je sais de quoi je parle.
Mon homme a vingt ans.
La prunelle de mes yeux
Mon fils.
Entre une jeune fille qui vient d'éclore et l'autre-moi qui foule la quarantaine de plein pied.
Mère possessive qui n'aime rien partager.
Mère tarée.
Femme qui a jeté son dévolu
mais le cœur est ailleurs et ça ce n'est pas voulu
On ne peut rien contre les coups de coeur
C terrible
C comme un ouragan.
ça vient n'importe où et n'importe quand.
Nous pouvons composer avec tout:les gens, l'argent, les noms, les réputations, les comportements sauf avec le cœur, il n'a pas ses raisons.
Il reste maniaque, imprévisible, torride et emporté.
L'amour, c'est comme la foudre, ça vous tombe dessus sans souci d'heure ou de lieu, d'étiquette ou d'âge.
Oh! mon Dieu c'est déjà assez dur comme cela.
Nous parlons longuement.
Nous nous arrêtons surtout
Mon rire est spastique.
Mes larmes coulent à flot.
Oh mon Dieu,ces derniers jours je ne sais que pleurer!
Nous pleurons .
Ensemble, nous naviguons.
Je comprends parfaitement sa douleur.
Aucune femme ne peut se garder captive d'un autre dont elle se veut libre.
Je lui rends sa liberté dont aucune redevance ne taxerait.
Nous ne sommes jamais en droit de cautionner l'emprisonnement car une femme qui se rend par obligation est une femme terminée sans vie.
Un tombeau ambulant.
Le moment est fort.
L'air s'en ressent
Je me ramasse comme d'habitude à la dernière minute et je pars en courant.
Mon cœur est plus léger, son regard plus brillant.

7 commentaires:

  1. pas tout compris... il y a de la violence

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  2. oui Sylvie c un peu compliqué comme tout d'ailleurs dans la vie
    je viens d'arriver sur Tunis
    j'ai retrouvé les enfants pas mon mari qui voyage aussi en ce moment il rentre demain.
    je suis fatiguée mais j'accuse le coup ça va déjà assez mieux
    Sylvie, je te remercie pour les mots de la dernière fois je voulais me couper du blog mais j'ai pas pu j'y suis trop vicée
    vraiment merci
    je t'embrasse

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  3. Heureuse de te retrouver, dame voyageuse...
    Comme Sylvie, je n'ai pas tout compris dans ton billet mais c'est vrai que les histoires de filles sont souvent très compliquées!

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  4. ça oui... mais Epamin' et moi on t'a écouté...

    bon, je passe pour dire que j'ai mis le lien pour la vidéo

    et j'espère que toute ta petite famille est autour de toi!

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  5. J'avoue que je n'ai pas tout compris, mais ça viendra.

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  6. Je suis venue chez toi...
    J'aime tes mots, ta poésie, ton univers.
    Merci de nous les faire partager

    A très bientôt

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  7. Tojours la passion te dévore, Lilia. J'étais partagé dans ma vie entre un déchaînement comme le tien qui me venait de certaines de mes origines méditerranéennes et un rationalisme matérialiste qui inventa la laïcité. Aujourd'hui j'ai reçu par mail une communication de philosophes laïques qui défendent dans mon pays l'idée d'une rapublique laïque et non communautaire. Cette dernière exclut les athés, les non-croyants. Notre Président malheureusement pencherait vers cette dernière.
    Mais je ne veux pas ajouter à tes visions celle d'une France faisant un pas de 200 ans au moins en arrière.
    Mon pays est en danger. Ma patrie souffre idéologiquement parlant. A voir refouler manu militari les sans papier, nous sommes nombreux à penser que les fondements de notre patrie sont bafoués. Je ressent donc le même effroi que toi à Nouakchott. Je ne voudrais pas que la France devienne une Mauritanie si tant est qu'elle est comme tu la décris.
    Mais nous gardons confiance : notre regard sera plus brillant après nos épreuves§

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