mercredi 11 novembre 2009



Je suis comme un enfant penaud, debout au pas de la porte.
J'hésite à entrer dans mon blog.
Probablement par paresse car nous prenons vite l'habitude des mauvaises manières.
Ne pas lire, ne pas écrire en est une à mes yeux..
Probablement par fatigue car le dernier voyage m'a complètement usé.
Jusqu'à la dernière minute, j'ai travaillé et puis il y avait cette histoire entre les enfants à régler.Cela m'a bouffée.
Il y a eu aussi mon retour, mes malades qui commençaient à me réclamer, les retrouvailles,les enfants, mon mari.
Ma fille a beaucoup maigri. Un squelette ambulant mais c loin d'être de l'anorexie.
Une flamme brille dans ses yeux. C'est juste de la langueur, de la nostalgie mais demain ça ira inchallah.

Mon aîné calme et très sage pose sur moi des regards que je fuis.
Le temps adoucira les rapports, on me l'a déjà dit.
Je n'aime pas cette phrase car elle me déroute, me gêne, me désoriente.
Elle me ramène à moi, mes rêves et mes passions.
J'aime croire que tout est régi selon un ordre bien déterminé, une organisation harmonieuse autour de laquelle nous gravitons.
J'aime aussi croire dans un paradoxe déroutant que nous restons libres de nos actes, de notre présent, de nos désirs et rêves les plus intenses.
Comment comprendre alors qu'une passion peut être éphémère et que nous conjuguons nos aspirations avec le temps?
Comment réagir face à la seconde de vérité?
Sommes-nous seulement en droit de vouloir toujours tout commander, bien aplanir, rendre lisse et sans angulation?

Je doute fort.

Et pour tous ceux qui n'arrivent pas à suivre ou me comprendre, j'invite à laisser tomber et de me suivre comme au premier jour où mon avion atterri sur le sol tunisien.
J'étais dans un tel remue -ménage que j'ai décidé de me plonger dans un hammam.

Chez nous tous orientaux que nous sommes, nous sommes ensorcelés par ces ambiances vaporeuses.
C'est comme un retour aux sources.
C'est comme si je déposais ma personne fatiguée au bas de ces portes humides et mal éclairées..
C'est comme si je me déportais d'une vie assez difficile à porter à une autre plus légère et moins encombrée où les titres tombent en même temps que nos vêtements.
C'est comme si je me détournais d'une vie lisse moderne à l'image de mon siècle pour plonger dans celles de mes ancêtres où bkhour et ambre sont de fins parfums..
C'est comme si je répondais à un appel charnel d'eau et d'encens
pour me revitaliser.
C'est comme si j'avais besoin de déambuler dans ces espaces trempés de je ne sais quoi de sacré et d'envoûtant.
C'est comme si j'avais besoin de me remplir les oreilles, le corps de demi-silence ou plutôt d'un brouhaha à la fois humide et pâle sous ces lucarnes à moitié éclairées.
C'est comme si j'avais besoin de muer dans une peau nouvelle, l'ancienne pétrie et disparue sous les mains savantes de ma "harza", cette femme millénaire collée au hammam ou le hammam collé à elle depuis la nuit de l'orient pour quelques maigres dinars.
C'est comme si je me déboitais, me disloquais, me coupais, me finissais pour renaître de nouveau.
En parcourant ce matin un blog,j'ai repensé à vous , à vous parler et surtout vous inviter à un hammam.
Venez, essayez puis nous parlerons....

13 commentaires:

  1. Inchallah ! J'adore cette expression. Je ne sais pas pourquoi, moi qui ne crois pas en Dieu; je la trouve douce et prometteuse.
    Gouter au hammam, c'est ne plus pouvoir s'en passer. Le vrai !
    J'ai écrit à ce sujet chez le Gibi à l'occasion des "vases-communicants" : http://www.lignesdevie.com/2009/11/hammam-balmolok/
    Je te suis...

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  2. Comme Cat, j'aime depuis toujours les sonorités et le sens de la belle expression "Inchallah!".
    Mon grand-père, nullement arabophone mais qui aimait à placer les deux ou trois mots qu'ils connaissait, mettait en plus de la lumière dans ce mot.

    J'ai appris dernièrement ce chant et j'ai bien sûr pensé à toi, Lilia: (pardon pardon pour la phonétique! Si tu veux me l'écrire mieux!;o)

    Alaiki mini salam, ya arda ajdadi,
    Fafiki tabal mouKaam, wa taba inchadi.
    Ahbabtou fiki sahar', wan nahra'ou wal wadi,
    Ahbabtou dawal Kamar, wal kawkaboul badi.

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  3. ben tu vois, tu te dessines derrière tes histoires en mots-maux; une silhouette commence à se former.

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  4. oui c vrai Cat, c en te suivant que j'ai été inspirée pour avouer mon irruption au hammam le soir de mon arrivée à Tunis.
    Flambante-neuve, je m'en suis sortie presque reconstruite...
    Seule une femme saurait comprendre!

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  5. J'ai lu 3 billets seulement et je me croyais dans un roman d'amour, de haine et d'espoir.

    Merci du détour et des tendres mots si réconfortants pour une grand-maman.

    Je suivrai maintenant toutes les histoires de
    Lilia...

    Le mot "grand-mère" dans votre commentaire m'a rappelée mon extraordinaire petite-fille "Ma Puce". Pour me taquiner c'est ce joli mot qu'elle me disait. Malheureusement, ça fait 2 ans maintenant que je ne l'ai pas vue. C'est triste à mourir...et c'est un crime d'empêcher les enfants de voir leurs grands-parents.

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  6. Alaiki mini salam, ya arda ajdadi,
    Fafiki taba ImouKaam, wa taba inchadi.
    Ahbabtou fiki sahar', wa bahjati nnadi,
    Ahbabtou dawa IKamar, wal kawkabou lhadi.
    Wa lailou lamma staKar', wa nnahr'ou wa lwadi,
    Wa soubhou lamma ntachar, fi ardi ajdadi.
    Ahwa ouyouna lassal, ahwa sawakiha,
    Ahwa toulouja ljibal, dabat layaliha
    Je te salue, 0 patrie de mes ancetres,
    Que la vie est si douce a tes cotes, et il m'est agreable de chanter.
    J'ai aime en toi l'aube, et la joie de l'assemblee (familiale).
    J'ai aimé la lumiere de la lune, et l'étoile indicatrice.
    Et la nuit lorsqu'elle s'installe, et la rivière et la vallée
    Et l'aube lorsqu'elle se repand, sur la patrie de mes ancêtres.
    J'aime les sources de miel, j'aime ses rigoles,
    J'aime les neiges des montagnes, ses nuits ont fondu.


    c de ABOU ELKACEM ECCHEBBI je crois
    un poète tunisien ravi très jeune par la tuberculose mais a laissé un grand HERITAGE DONT NOTRE HYMNE NATIONAL

    Je suis contente que tu aimes
    bises

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  7. Sylvie heureuse de savoir que tu me déchiffres pas à pas
    bisous

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  8. Merci beaucoup pour cette transcription plus "fidèle" à ta langue et pour la traduction.

    Oui, j'aime beaucoup et la mélodie est absolument divine.

    Bises pour une bonne nuit!

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  9. Sue, je suis désolée pour toi et ce qu'on te fait nous ne sommes jamais en droit de juger et trancher
    t'inquiètes tes petits te reviendront même s'ils te coute en séparation

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  10. J'aimerais bien essayer un hammam je ne connais pas, mais à te lire j'apprends beaucoup de choses.

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  11. cote enfants (sans parler de TOUT le rest...) je ne suis pas mieux je te dirais juste courage et prends soins de toi

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  12. bonsoir Lilia,

    Il n'y a rien ce soir qui me plaise à la télé, alors je passe sur ton blog et je lis...j'ai l'impression d'avoir ouvert un beau livre...
    Un hammam ?Belle invitation, je m'y plairais..

    Et merci pour ton gentil com !

    Bonne soirée !

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  13. Phil c avec plaisir que tu seras reçu
    le tayeb pour les hommes(harza pour les femmes) sera à tes petits soins mille fois mieux qu'un kiné
    un pro royal celui là car chez nous les hamamsm c jamais mixte et c mieux comme ça
    à chaque monde son jardin secret

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