mercredi 18 novembre 2009

Je viens de rentrer de chez ma fille.
Plus de sept cents kilomètres.
Tout est relatif dans la vie même les distances s'évanouissent ou se vivent selon
une conception bien déterminée. Par exemple en Mauritanie, pays vaste comme je ne sais combien de fois la France, sept cent kilomètres n'ont pas leur contrepoids.Au contraire de mon pays faire cette distance c'est aller de l'extrême nord au sud.
Tout cela pour dire combien cela a été exténuant pour moi de revenir dans les vingt quatre heures.Pourtant, je me secoue et trouve dans ma visite éclair une vitalité
hors du commun.
Oh combien il m'a été doux de me frotter à plein temps à mon enfant devenue femme en si peu de temps.
Oh combien nous ne mesurons jamais assez la vitesse avec laquelle les années nous filent entre les doigts et nous n'imaginons jamais nos enfants grandir, se détacher de nous pour voler de leur propre ailes.
Comme elle est belle ma fille.
Comme elle a grandi dans sa tête et à mes yeux.
Une vraie battante cette enfant moi qui l'ai élevée dans du coton, elle se prend en charge comme jamais je ne l'aurai cru mieux encore comme je l'ai toujours pensé.
En m'accompagnant à la gare, elle cachait mal ses larmes sous ses lunettes dorées
les miennes coulaient impertinentes et à flot.
Ce qui ne m'a point empêchée de lui cuisiner des plats pour un bataillon et l'armer de kilos de victuailles pour parer à quoi.
Je ne sais pas mais sûrement que cette fibre juive qui gît en moi double d'intensité face aux corps à corps ou aux soucis pour tomber dans l'abondance et les excès toujours et toujours.
De cela, je ne peux guérir.
De cela, je ne me veux libre.
Et puis il faut bien la nourrir, la préparer pour ses examens et puis il y a cette mauvaise grippe qui commence à mordre dans notre pays .Tous les motifs sont bons.
Tous les jours, j'ai à ma consultation quelques cas fortement suspects.
La liste commence à s'allonger et nous ne savons plus de quelle tête donner.
Nous aussi nous butons sur le vaccin.Beaucoup de controverses, très peu de recul.
Malgré mon diabète, je ne compte pas me vacciner.
C'est fou si je comptabilise les risques encourus de part ma profession mais la encore cette pauvre fibre revient.
Les juifs sont autant peureux de la maladie que des médicaments.
Ma tendre mère et tous ceux avec qui j'ai grandi de son côté n'aiment jamais parlé ou entendre quelqu'un se plaindre de sa personne ou d'une tare grave comme le cancer.
Alors, il faut voir combien elle sont comiques tellement adorables dans leur croyance ancrée dans une naïveté aux limites de l'idiotie et de l'ignorance.Et s'il arrive par malchance que le malade les côtoie ou en parle, elles se donnent en silence le mot et retourne leur langue dans un geste automatique comme pour stopper la maladie à la porte de leur palais.
Ou encore lorsqu'elles murmurent muettement leur "mteikomlikom" soit "ce qui est à vous reste à vous". Bien entendu en ce qui concerne la maladie.
Je ne puis m'empêcher de sourire lorsqu'elles se mettent à branler leur main en un signe de parage du mal par la main de Fatma, les cinq doigts dessus ou la Haouta :le poisson lorsque l'une de leur progéniture prodige passe ou est évoqué.
Pour toutes ces dames, leurs enfants sont hors du commun alors bonjour les mains de Fatma dans le dos ou en pleine face éloigner le mauvais oeil.
Des fois c'est tellement exagéré que je pars dans un rire franc au grand froncement des yeux de mes aînés car chez nous on ne badine pas avec les coutumes.
En avançant dans l'âge armée de mes diplômes, je ne puis que fondre devant ces bêtises de respect bien sûr et d'amour pour mes femmes.
Je parle souvent de mes femmes juives non pas que je suis plus juive que musulmane .
Au contraire mais c'est dans les jupons de ma mère et mes tantes que j'ai étè élevée alors il est plus que logique que je leur sois redevable de ces quantités de gestes chargés d'amour et de bonté.
Il est plus que logique que je me mette à marcher sur leur trace et les mimer.
Pour la mémoire.
Par amour;
Par gratitude.

14 commentaires:

  1. Je rentre moi aussi de chez ma fille la distance qui nous sépare est moins grande que celle qui t'éloigne de ta fille.
    Je me glisse dans tes mots si vrais, si aimants, si forts :
    "Oh combien il m'a été doux de me frotter à plein temps à mon enfant devenue femme en si peu de temps.
    [...]
    Comme elle est belle ma fille.
    Comme elle a grandi dans sa tête et à mes yeux."

    Entre mères...

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  2. C'est triste de les voir partir, mais c'est rassurant de les savoir prêtes et capables de se débrouiller toutes seules.

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  3. A te lire, je regrette de n'être que "Tata".
    Mais on n'a pas toujours le choix...
    Comme tu le dis bien cet amour.
    Je suis en retard mais heureuse de te fêter un bon anniversaire en même temps que ma première toile ;-)

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  4. à te lire... je me sens "juive" face à ma maladie
    et "mère" (j'ai écrit récemment sans enfantements)

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  5. merci Cat
    oui on n'a pas toujours le choix
    mais être tata c aussi beau
    ma soeur qui n'est pas marié adore nos enfants et mes enfants l'adorent
    elle en est comblée
    JE TE SOUHAITE LA MEME CHOSE

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  6. Chere mere, je te dedie le film "Va, vis et deviens". Voici le lien ci dessous de trailer:
    http://www.metacafe.com/watch/yt-OnaXLjH-XW8/va_vis_et_deviens_live_and_become_trailer/

    je t'aime encore trop :)

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  7. Je suis émue, troublée et bouleversée par cette touchante déclaration d'amour d'une mère pour sa fille. J'aurais aimé qu'on me chuchotte de tels mots doux et tendres...

    Epamin' et Lilia, il y a tant d'amour dans vos coeurs et de tendresses dans vos gestes. Vous êtes semeuses de bonheur...
    Vos mots vous ont trahies.

    Vous serez mes soeurs dans mon coeur.
    Je vous embrasse et
    je vous aime gros comme xxxxxxxxxxxxxxxxxxx ça

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  8. Sanosus
    Sana,ma chère fille d'une fameuse rencontre à DUBAI il y a voila deux ans .
    je t'aime très fort depuis le premier jour et depuis que ton étoile a rencontré la mienne
    bises

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  9. Sue merci beaucoup pour tes mots si doux à mon coeur qui m'invite à te lire toujours t toujours

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  10. Seulement 700km? Quelle chance tu as Lilia! Moi je dois faire 7000 km pour voir mon fils unique à l'occasion des fêtes ainsi que ma petite fille de 11 ans et sa mère.
    je me suis délectée à lire ton compte rendu de mère Juive dans lequel j'ai retrouvé beaucoup de ma propre famille. Quand mon père entendait des complimements sur ses enfants, il souriait en murmurant"ajinkouli" pour nous garder du
    mauvais oeil. Je n'ai jamais su ce que cela signifiait.
    Bises

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  11. chère Lise
    je te remercie pour tous tes mots
    je t'avais promis l'autre jour un texte pour être en accord avec le tien du 14juillet
    je l'ai écrit mais je ne l'ai pas sauvegardé alors il a disparu mais c pas grave je te le réécrirais c promis car il me tint à cour depuis quelques années déjà ton texte l'a fait émerger
    je t'embrasse

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  12. bonsoir lilia un petit coucou avant d'aller au lit et j'arrête ma visite sur le net sur ton texte qui est très beau car quand on parle d'amour la plume se fait toujours tendre et belle et pour les coutumes, c'est un autre débat car heureudement que la sagesse et la médecine les combattent car quand on peut sauver des vies, il faut le faire*
    Bonne nuit et je t'embrasse (merci pour tes commentaires sur mon blog et pour ton amitié que j'apprécuie vraiment)

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  13. C'est beau la tradition. Elle réconforte. Tous nous avons grandi avec des femmes. Tu nous le rappelles. Les miennes dans un pays laïque dans lequel en principe la religion est une affaire personnelle et n'intefère pas avec la politique.
    La femme est l'avenir de l'homme, disait un poète français. Aujourd'hui elles ont conquis leur place et du coup elles marchent en avant. Qu'elles prennent garde : ils restent encore beaucoup de violence contre elles. Leurs libertés sont attaquées par des traditions réactionnaires. Pourtant leur rôle dans notre société est précieuse.

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