vendredi 27 novembre 2009

Association internationale des victimes contre l'inceste


Par hommage à mes femmes
Par hommage à Margot
Par témoignage dans AIVI dont je suis adhérente
Je remets ce texte en ligne pour espérer faire bouger les choses


c'était les années cinquante, il me semble.
Le pays connaissait de grands remous.
Capitulation du colonialisme,
Guerre et rébellion,
Grave crise économique(le français n'étant point le seul à avoir sucer le jus,
le ver était dans le fruit bien avant le protectorat...)
Bref, je ne pourrai m'étaler dans un tel débat,
je n'en ai ni la force ni les facultés nécessaires,
mes seules capacités se résument modestement à essayer de transcrire quelques images.
Fruits de la réalité ,
Brutale percée dans un nid cafardeux,
Imagination florissante sur des bouffées délirantes comme dirait le psy .
Mais tenons -nous à Margot.
Elle devait s'enfoncer dans le passé dans un gros effort de maîtrise de soi pour ne pas gémir et ne pas hurler.
Juste pour avoir "des mots pour le dire", se raconter.
Avant cela, il lui fallait sa petite bouteille de whisky son amie et la voix de la Sayeda Om khaltoum, sa souveraine qui savait égrener les mots un à un pour mieux décrire ou panser.
"HASSIBEK LIL ZAMAN" (je te livre au destin)
C'est comme si elle soulevait la trappe sous laquelle elle se terrait pour faire un peu de lumière dans sa nuit .

Les temps changeaient en valsant un regain de misère et de besoins élargis.
Sa mère s'était installée avec un nouveau prétendant et était enceinte de la toute dernière.
Cela la contrariait dans la mesure où leur situation était déjà précaire qu'il fallait en rajouter..
et puis, elle commençait à grandir ,
à devenir femme
avec ces horribles petits boutons "la kebla ou poitrine" qui s'annonçait généreuse et lui valait quelques regards insistants de certains énergumènes de la hara .
Comme elle ne s'aimait pas déjà d'être une fille que se savoir en pleine transformation pubertaire la rendait gauche, mal à l'aise PRESQUE MALADE.
Et puis son soi-disant futur beau-père avait durci l'ambiance depuis que sa mère avait fait cette petite fête en son honneur pour célébrer le menarque.
Cruel rituel, tradition à la con qui marquèrent au sang et au feu sa maturité sans la moindre discrétion.
On lui fît porter une ridicule robe blanche signe de sa sainteté ou presque.
On fît quelques prières au Seigneur, on chanta .
On dansa aussi un peu mais on le dit à tout le monde sur le modèle des familles juives où tout se sait où tout se dit.
Depuis, elle se sentît prisonnière de son corps, de son évolution, de ses rondeurs qui l'embellissaient aux yeux des autres mais la confondaient à ses yeux
Et puis, elle se sentait gêner, rougir,trembler comme une feuille quand le regard de l'autre se posait sur elle.Ses allées et retour à la maison pendant que sa mère était au boulot devenaient plus nombreux.Elle se sentait piégée dans ce corps de femme qu'elle détestait et quand par hasard, il était là et qu'elle était au seau et la serpillière, elle évitait de croiser son chemin et ses yeux rouges par l'apéro et d'autres choses inexpliquées.
Dans la loi de la jungle, le prédateur s'annonce en s'abattant sur sa proie, la sienne était faible et sans soutien!!!
Et je l'entends hurler
du loin de mon âge adulte
du haut de mes diplômes à la con
du fond de mes terreurs nocturnes
du plus profond des bleus de ma mémoire
des tréfonds de ses malheurs,je..
Je l'entends hurler quand la bête a transpercé la vierge pour la tâcher à jamais!
POUR ELLE ET SES SEMBLABLES, j'ai écrit

J'appelle à la guillotine :

Ce monsieur et cette femme.

Elle hurle en premier :
Ce n’est pas moi

Ce n’est pas moi qui me suis approchée
Cette nuit et les autres...
Du lit de notre aînée.

Ce n’est pas moi qui soufflais fort et excitée
Le regard fauve aux envies bestiales
Une main sur la bouche de l’enfant,
L’autre sur son sexe qui se dressait

Ce n’est pas moi qui chatouille dans le cou
Emprisonne la bouche à l’instinct vorace
Goût du pêché
Goût du fruit défendu
Des doigts de feu s’amusent à s’égarer
D’abord dans les cheveux
Puis dans le cou, descendent peu à peu
Empoignent ses boutons
Qui viennent à peine de fleurir
Et de mourir en bourgeons.

Ce n’est pas moi qui contourne les rondeurs,
Farfouille dans la complicité de nuits assassines
Du noir morveux
Du silence nerveux
Furète dans une intimité encore plate,
Joue de ses doigts de feu
Sacrilège et profanation
De ces quelques centimètres de chair et de sang !

Ce n’est pas moi qui fais grincer le lit
Dans une branlée animale
Dans des draps tièdes aux senteurs poisseuses
Sueur piquante et autre odeur fade…

Ce n’est pas moi qui fais monter le désir
Un désir d’instinct
Frappe à vie de culpabilité
Syndrome de Stockholm et chantage affectif
Agresseur et agressée
Rôles inversés

Je l’ai souvent entendue le soir pleurer
Toute enfant qu’elle était…

Coupable a-t-elle hurlé
De ces silences assassins
De ces sourdes oreilles
De ses feintes de sommeil
Coupable de n’avoir pas défendu l’enfant
Empêché de la faire venir dans le lit de papa-maman
Etrangler le désir animal
Finir avec la bête depuis des années

Coupable d’avoir laissé faire les choses
D’avoir adopté la négligence
Pour sauver les apparences
Pour ne pas faire parler les langues
Pour ne pas déranger la réalité
Pour ne pas heurter les sensibilités

Coupable d’avoir préféré le silence
Aux complaintes de l’assassinée
Le confort du secret
Aux peaux pénétrées,
Aux gémissements de douleur.
Regards hagards, foi écroulée
Fin fond des abîmes
Enfance violée et volée
Dieu absent et profondes déprimes !

J’appelle à la guillotine tous ces hommes et femmes coupables de telles profanations.
J’appelle à la guillotine toutes ces mères qui taisent de tels secrets et laissent faire les abus dans un souci de confort de famille et rarement de peur.
J’appelle à la guillotine encore ces mères qui enfantent et s’absentent, qui laissent seuls même pour un instant la bête et l’enfant.
J’appelle encore ces mêmes mères qui laissent partir les enfants chez une tante ou un parent sans les surveiller car il rôde toujours le détraqué. C’est des fois le père, le frère ou un aîné.
J’appelle à la guillotine cette maîtresse ou ce maître qui n’a rien vu venir chaque jour un peu plus, dans le mal être de cette enfant.
J’appelle à la guillotine ce médecin scolaire à la con .
Imbue de sa médecine et de son manque d’expérience qui examine l’enfant,
Suspecte les attouchements et renvoie au légiste.

Homme de loi, homme de foi
Mère en délit de démission
Père en capitulation
Médecin dans sa fougue légèrement grossier
Se laisse piéger par tant de désaveux
Laisse partir et clore le dossier …

J'appelle tout ce monde à la guillotine !

8 commentaires:

  1. je connaissais ce poème très dur mis pas la façon de le mettre ici en avant et au vu de la journéee dérétée à la femme c'est une belle chose (je t'ai répondu sous mon dernir texte)
    Bises ma tendre et douce amie

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  2. Quelle tristesse dans un si beau texte.
    Les enfants innocents, victimes d'inceste, comment peuvent-elles/ils continuer à vivre avec l'abuseur... Vivre dans la peur de le voir arriver, puis tourner, puis savoir qu'il va toucher et que personne ne parlera par lâcheté...
    OUI. Appel à la guillotine pour sauver ces opprimées sans défense.

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  3. Rien ne justifie la souffrance d'un enfant qui détruit à tout jamais des pans de sa vie...
    Oui, la clémence n'est pas tolérable quand l'enfant est la victime.
    Texte fort mais indispensable.

    Pensées d'Ep'

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  4. je ne peux pas imaginer le silence consentant d'une mère sans la haïr
    je ne peux pas entendre les excuses d'une mère qui assiste sans bouger à l'horreur de son enfant sans la haïr
    je ne peux pas protéger,je ne peux pas défendre celle qui n'a ni protégé, ni défendu son enfant
    je ne peux encore moins la comprendre,je ne peux que la haïr
    Que fera-t-elle de cette haine?
    Ce qu'a fait son enfant de la sienne!
    Elle lui a creusé un trou béant ds le ventre!

    merci Lilia

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  5. Bonsoir,
    Voilà un billet bien nécessaire malgré qu'il soit douloureux à lire.
    Qu'est ce qui se passe dans la tête du parent qui fait subir une telle horreur à sa chair ? Qu'est ce qui se passe dans la tête du parent qui ne fait rien pour que cela cesse ? Peur, faiblesse, abnégation ... ? Je crois qu'il est difficile de qualifié leur action par des mots. L'enfant, lui toute sa vie portera les sequelles. Beaucoup d'entre eux vivront dans le noir, d'autres vont essayer de vivre malgré la cicatrice et puis une infime poignée, feront la même chose à leurs enfants.
    L'homme est un animal, comme l'a dit Voltaire.

    Cordialement

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  6. C'est terrible ces enfants abusés par des adultes et que des personnes en soient concientes et laisse faire. Tu as bien fait d'écrire ce billet pour faire réfléchir.

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  7. merci Lilia pour ce cri qui doit se répandre à la surface de notre si belle terre pour que toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté militent pour dénoncer et protéger ce qui est le plus précieux: nos enfants!

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  8. C'est horrible, et Lilia nous met en contact avec cette horreur. Comme elle sait le faire, avec un texte en furie, une volonté grandiose de clamer sa révolte.
    Pourtant, il faut analyser les civilisations qui entraînent ce genre de crimes parce qu'elles ont imposé des pratiques, des interdits qui retournent les couteaux contre elles. Les cultures sont des étaux dans lesquels certains étouffent. Les cultures sont de grandes fabriques de crimes. Analysons ce qui en nous produit l'horreur. La vie pourrait s'éclairer si on lui permettait de s'épanouir au lieu d'être contrainte au silence.

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