mardi 5 janvier 2010

Emmanuel, la lavande et moi....



IL y a un jour un ami bloggeur, Emmanuel m'a invitée à colorer par mes mots ses palettes déjà joliment colorées.
Cela me remplit de joie bien sûr , de fierté en quelque sorte.
Je retourne à son blog une,deux et plusieurs fois pour qu'elles me parlent car si rien ne me parle, les mots se refusent à moi, se meurent en couche avant même d'être formulés comme dans tout d'ailleurs avec moi.
Je marche au feeling et si des ondes invisibles ne se tissent pas, rien ne sort, rein ne vient, rien ne se crée!
Dans tous les chemins de ma vie, leurs croisements et leurs détours, je ne choisis presque jamais mais les choses viennent s'offrir à moi sans aucune réserve ni retenue .
Des fois ça passe,le plus souvent ça casse.
Cela foire au flottement de l'air,
au battement d'un cil,
au chuchotement d'un silence ou encore à la stérilité d'une scéne ou paysage.

Les carrés d'Emmanuel m'ont parlé bien avant son invitation surtout lorsque son carré m'a parachutée droit dans les enfers de certains hommes qu'on retient pour une cause méritée ou non en prison.
Il appela sa création flottaison ou prison de pierre.
Il emprisonnait simplement dans un carré de pierres de la lavande.
Seules les créations simples savent nous parler au mieux,
savent nous toucher.
Cela m'emporta dans un tourbillon fou vers un monde que je devine parceque je l'ai approché sans y entrer ,
terrible et cataclysmique.
Accompagnée d'une autre idée de Sylvie une autre bloggeuse, j'écris alors un texte sur mon blog ma foi, dur et insupportable sur la prison.
Il retrace certainement mal et insuffisamment la vie, les galères, les descentes aux enfers d'un prisonnier.
Je dresse d'une manière certainement boiteuse les faces cachées des maisons de
redressemnt car il ne suffit point de bien décrire pour vivre.
C'est jamais comme!
Une fois, j'ai suivi une personne dans son parcours derrière les barreaux,les murs hauts à cacher le soleil, la lumière, la vie.
Plus de décence,
Juste une réduction à un état animalier où les voix se taisent,
les yeux se scotomisent de jour et de nuit sur des crimes honteux pire que ceux du dehors.
Diffamation, viols, fornication, vols , raquettes,
des scénes de torture inimaginables où l'homme capitule rapidement pour tronquer son humanité contre des cas de figures impossibles, excécrables et sordides.
L'homme dans ce cas choisit souvent d'être chacal ou porc pour survivre.
Alors vient "l'aréa " àlaquelle je confonds rêveusement le carré d'Emmanuel.
C'est comme cela qu'ils appelent le droit à la sortie en plein air pour une bonne demi-heure de soleil ou de pluie mais d'air frais renouvelé loin des puanteurs du chambri soit une cellule jamais individuel sauf pour le silloun ou l'isoloir comme ils se complaignent de nommer.
Le chambri est une cellule de prisonniers toujours en surnombre et où les plates en ciment sont insuffisantes pour dormir , les bouches d'aération exigues, les lumières toujours en veilleuese, l'air contaminé.
L'aréa certainement loin d'être remplie de senteurs particulièrement douces ou de lavande leur procurent un semblant de liberté mais la guerre des clans s'y joue aussi, la "piovra "y sévit également en permanence.
Voilà ce à quoi ce simple carré de pierres, de lavande et son intitulé me fait penser!

Puis vient ce carré de pierres.
Que je confonds sciemment à des oeufs.
Des oeufs déposés avec délicatesse bien au chaud.
Dans des nids de fleurs de lavande.
Coeur de pierre ou roc en fonte.
Accomplissement du miracle, oeufs en ponte.
Sublimation de l'acte, humanisation des gestes.
Capitulation du froid , du gel, de la pierre.
Regain d'humanité,cessation des guerres.
Tantôt une ébauche de nid qui se tisse fleur par fleur.
Tantôt un oeuf que couve adorablement la lavande.
Dans une maternité sans précédent.

Un autre me rappelle les épitaphes de marbre
Qu'on pose surles tombes des cimetières musulmans.
Ornés d'une plante qu'on séme tel un arbre.
Souvent à senteurs.
Pourquoi pas la lavande.
Des versets coraniques rappelent majestuesement.
Que l'homme est finitude.
De terre,il est créé,
A la terre il revient.
Je suis subjuguée par autant de contraste.
Le tout fignolé dans la simplicité.
Joyau véritablede la création.
Un appel puissant à la vie fort de ces oeufs prêts à éclore secondé par un rappel humble à la mort, aux cimetières :ces havres de silence, de repos éternel comme semblent chanter les poètes.

Un défilé de lavande à tous les goûts.
Une porte à l'évasion, aux rêves les plus fous.
Un assemblage de bacs de fleurs de lavande.
Un panorama chaud et suave.
Une palette bavarde et abonde.

Lavande de mon enfance qui me ramène aux linges de ma mère,
Au blanc immaculé de sa lessive,
Au frais de ses armoires parfumées ou plutôt lavandées.
A l'ordre parfait dans ses affaires.
A sa cuisine judéoarabe hors cordon,
Un délice aux confins du sucré-salé.
A son pain sans levain, les jours de Pâques.
A sa maternité débordante.
Aux généreux décolletés de mes juives.
A leur maternité friande et à leur coeur altruiste et sans borne.

Lavande de Pline et de Galien,
Médecin et penseurs de l'antiquité ainsi que les anciens
Qui virent dans cette fleur des bienfaits incontestés
Tant en médecine populaire
Qu'en phytothérapie.
Lavande de mes terres,
Lavande de ma méditerrannée, je vois dans ces interstices que tu combles un hymne à la vie.


ps :pour joindre Emmanuel, il suffit de cliquer sur sa petite de fenêtre dans les membres de ma communauté

17 commentaires:

  1. J'adore la maniere dont tu t'exprimes, tu presentes les caracteres d'une facon aussi feerique. Bonne continuation.
    Bisouettes.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. J'aimais déjà la lavande, sa couleur et son odeur pour de nombreuses raisons. Par ce texte, la lavande, en plus de tout le reste, me parlera de toi, Lilia...

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  5. Comme un air de jazz
    Une touche de couleur

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  6. Belle comparaison, la lavande emprisonnée pour son odeur et les prisonniers qui étouffent dans la leur.

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  7. Justement, ce matin je réfléchissais sur le mot "Parole" ce propre de l'homme ce qui le fait Homme vertical, écoutant, créateur. Et cette absence de "Parole" qui accompagne l'homme chacal ou porc dans l'univers clos et sans nuit... reste le "carré de lavande", cet espace délimité qui dit l'infini de la vie, l'espoir que rien ni personne peut (encore) tuer.

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  8. Bonsoir Lilia,
    un beau billet, tu sais as fait plus que décrire la lavande, son odeur et à quoi elle te ramène, ... Ton billet est une pensée aux hommes et aux femmes qui sont opprimés, à la beauté des lieux notamment les cimetières (pour moi), aux souvenirs ...

    C'est un bel article, tu as réussi à faire vivre des lieux, des pensées, des silences.

    Je t'embrasse ma belle.

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  9. À Noël j'ai reçu un ensemble de "Lavande bleu" un producteur du Québec. J'aime l'odeur mais c'est aussi sa belle couleur que j'apprécie.

    Bec chinois à toi belle Lilia

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  10. merci encore d'avoir mis des mots sur mes images. Avant la fin du mois je te rendrais à mon tours hommage sur mon blog.

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  11. Bonjour Lilia

    toujours de textes profonds, touchants, vrais, que je me plais à lire

    merci de ton passage

    et bonne année 2010 !
    bonne journée
    bisous

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  12. bonsoir un
    texte superbe c'est génial de te lire
    Bonne soirée. Je découvre ton blog en allant chez Nanou. A bientôt et bonne année je ne suis pas en retard

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  13. La lavande c'est aussi l'endroit ou je is, la drôme provençale capitale de la lavande...j'en met sur mon dos faitgué le soir en huiles essentielles, j'en raffole
    Lilia quel bonheur qu'on ait fait connaissance...quel enrichissement !

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  14. Même si l'image devrait être à elle seule génératrice d'émotions, les mots lui confèrent une autre dimension et parfois savent la sublimer en lui apportant cette touche poétique que j'aime tant.
    Votre union est superbe !
    Je serai ravi moi aussi d'associer mes photos à tes textes...n'hésite pas à me le faire savoir

    A bientôt

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  15. Thank you for visiting my blog.

    From the Far East.
    Greetings.
    ruma

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  16. Je passe très vite sur les divers commentaires qui sont des hommages pour toi. Je veux poser le mien ici pour marquer ma rencontre, sans me laisser influencer par ce que disent les autres. Dans ce texte, tu atteins des sommets. Ecris, laisse-toi porter par ta folie des mots, le rythme de ton souffle. Je suis ébloui, amis aussi porté par deux mains qui m'élèvent dans leur incantation. Tu as dit être attirée par ce que j'écrivais dans "Retour de Grasse"? Mais ça n'a rien à voir! Ce que j'écrivais dans ce texte c'était comme un documentaire, simplement. Toi, ici, tu transcendes tout ce que tu touches : la lavande, la pierre, la prison, l'armoire de ta mère. Te rends-tu compte de la profondeur de ton être, de sa beauté expressive? Tu as la volonté de dire, d'encenser, de béatifier ce que tu roules dans tes mains comme une pâte dont tu vas faire des délices en la trempant dans l'huile chaude. Et je suis dans le chaudron. Ma main dépasse et se tend vers toi pour avoir de ce pain lumineux dont tu m'arroses en signe de bénédiction. Lilia, tu es grande prêtresse. Ne te prends pas la tête pour autant. Reste la mère qui donne tout naturellement la vie. Et crie! crie! si tu en a envie. Tes cris ne seront jamais de douleur : ce sont ceux de la femme qui appelle ses enfants au banquet. Chez toi, c'est servi ; et la porte est ouverte!

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  17. Je n'ai pas de mots pour décrire mon plaisir de te lire. Je passe et je repasse sur tes billets sans jamais prendre le temps de te dire: "J'adore!"

    Bises
    P.S.
    Il faut visiter les pages d'Emmanuel, j'y retournerai.

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