samedi 5 mars 2011

POUR TOUS CEUX QUI SONT RETENUS LOIN DE LEUR TUNISIE

POUR TOI WEJENNE, SHIRAN ,SLIM BAGGA , SAIDA, HATEM mon frère de mon père et de ma mère A MONTREAL ET TOUS CEUX QUI SONT LOIN CE BOUQUET DAIR DE FETE COMME SI VOUS ETIEZ LA PARMI NOUS AVEC MOI....


Mon fils m'appelle pour me demander de le rejoindre à la kasba.
C'est leur dernier jour à la kasba.
Je n'aime pas les adieux, pas même ceux des morts.
Je m'y rends rarement souvent par manque de courage jamais par dénigrement .
c'est pareil pour les grandes festivités.Je ne sais pourquoi je crains la confusion.
Et pourtant à cette invitation, j'ai tenu à répondre.
Je m'arrange pour faire un saut et apporter des gâteaux tunisiens.
Des fleurs auraient certainement fait l'affaire mais je n'aime pas trop les goûts raffinés.
Je l'ai déjà dit: j'opte plus pour l'odeur de la terre mouillée par la pluie , de la javel de ma cuisine sans retenue, des moutons, des vaches , de la sueur des corps , des cheveux pouilleux de certains de mes consultants, des nez mouchés improprement avec bruit, du savon vert ou de marseille que je malaxe doucement humblement pour ne pas arracher ces peaux mortes des escarres de mes alités...
Désolée si je choque et j'ai d'ailleurs toujours choquée mais je reste libre de mes goûts, de mes affinités....
J'aime ces corps à corps et c'est juste dans ces rares moments que je jouis, que je me sens forte , étrangement humaine et proche de la terre !
Bon que je ne me perde pas à nouveau , j'arrive sur la kasba.
L'ambiance est à la fête.
Des gens se saluent soulagés.Les discussions sont plus fluides moins acerbées .
Je reconnais quelqu'uns.
Ils sont entrain d'amasser leurs affaires et participent au grand ménage de la place.Le même service d'ordre du premier jour juste élargi par quelques bons autres bénévoles.
Ils m'apercoivent.
J'hésite à approcher ces jeunes hommes et femmes aux traits fatigués et fraîchement rasés pour l'occasion mais transformés en géants depuis leur victoire.
Ils se ruent vers moi
.Je me jette dans leurs bras et nous nous serrons tellement forts que je peine à respirer.
Je murmure émue: bravo et merci.
Ils me crient vaillamment touojurs aussi généreusement :"YA omou thouwar5( la mère des révolutionnaires) enti merci".
Je suis emportée.
La crue est fertile.La digue se casse et mes larmes ne se retiennent plus.
Mon fils et ses amis m'entourent parlent et disutent dans la joie de leurs projets imminents là dans l'instant et qui pressent.
Je tends l'oreille effarouchée.
Je redeviens la mère apeurée pour son enfant devenu brutalement homme sans transition et que je n'ai pas encore eu le temps de revoir après plus de treize jours de siège à la kasba.
"A Ras ejdir à la frontière lybienne maintenant, pour aider et encore faire pression toujours faire pression sur les tyrans des peuples pour les faire tomber."
Je me retire discrètement, m'assoieds sur une marche de l'hôpital avoisinant Aziza Othmana où il ya plus de vingt ans j'ai fait mes stages d'internat avec les mêmes rêves que ces jeunes enflammés et ivres de liberté.
Les miens restèrent enchaînés jusqu'à aujourd'hui, le jour du baptême de mon enfant, celui de ma Tunisie libre également.

4 commentaires:

  1. merci lilia pour ce temoignage;
    Je t'admire , nous admirons la Tunisie libre et cela me fait du bien de vous lire ,regarder vos avancées, vos combats, vos victoires.
    que l'avenir vous conduise vers vos reves

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  3. tu sais que je lis tout... que j'aime tout ce que tu écris.. que je suis là chaque jour, même si pas toujours sur cet espace

    bravo la Tunisie et amitiés Lilia

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