mardi 27 octobre 2009

Je suis toujours à Nouakchott.
Je pense retarder mon départ pour des raisons de travail.
Je pense aussi que la ville crasseuse aussi loin que porte mon regard libère imperceptiblement ses tentacules et me rattrape.
C'est plus un carrefour, une grande cité commerçante plongée dans un grand état de précarité, de manque et de misère .
Une ville incomplètement sortie de sa nuit se réveille à pas lents , défectueux et cahotants.
J'ai un rendez-vous avec l'épouse d'une personnalité importante au gouvernement.
Son chauffeur viendrait me prendre à six heures.
C'est la première fois depuis une semaine presque que je vais être introduite chez de vrais mauritaniens.
Le jour, je ne faisais que les côtoyer superficiellement .
A six heures très généreusement dépassées, mon hôte pointe personnellement conduisant sa propre voiture.La notion de la ponctualité est à discuter chez nous en général non pas par incorrection mais parcequ'à la base nous( Afrique- Arabie confondue) sommes tous un peuple jamais bousculé par le temps.
Pour nous du moins dans les générations, nos ancêtres étaient régis par juste une unique pendule:le jour et la nuit.Le reste n'était que détail.
Le peuple mauritanien continue à évoluer à ce rythme.
Jamais bousculé dans le temps;il prend sa vie sans aucun empressement, déguste les minutes qu'il étire sans stress et sans trop d'effort. Dans son costume traditionnel, elle s'encombrait peu et avec raffinement de ces mètres de soie qui lui allait à ravir et qu'elle rattachait à elle dans un sens élevé de l'élégance.
Je suis secouée devant autant de modestie et d'aisance, d'empressement et de savoir faire.
Mon hôte est une vraie parfaite femme de foyer avec une parfaite maîtrise du personnel qui évoluaient sous ses ordres de manière à la fois constante et discrète.
Je sais que toues mes chances sont dans ces secondes fatidiques, dans ce regard ami et tellement simple mais jamais dupe.
Je m'accorde le franc jeu.
Il me réussit le mieux.
Mon hôte rit aux éclats, son homme est conquis.
Je suis émerveillée devant autant de gentillesse, de sincérité couplée à une infinie simplicité.
A mon tour d'être conquise, j'abandonne mes réticences.
Je goûte sans retenue à un jus fait maison.
Un pur délice concocté savamment dans les feuilles d'hibiscus .Nos gorges se désaltèrent par ces soirées encore chaudes, nos cœurs s'ouvrent et on arrive à l'essentiel.
Nous nous adoptons et avec toute la spontanéité de la terre, elle m'offre ses services, propose ses effets et prend la jeune fille qui m'accompagne comme sa protégée.
Je crois que j'ai réussi ma mission.
C'est cela la Mauritanie :aucune complexité , aucun encombrement juste un écoulement fluide même si les conditions de vie semblent rudes. Un peuple dont une adaptation de mon ami Roger lui sierait au mieux:
un peuple pacifique sans encombre qui reste "sensible à la musique des corps, à la faiblesse des regards qui ramasse le mien" .
Il suffit juste de regarder autrement!

4 commentaires:

  1. Une belle rencontre, en quelque sorte.
    Bonne suite, là-bas!

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  2. je retrouve dans ce récit de la rencontre quelque chose qui se passe aussi en Italie dans certains contextes de travail...

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  3. Manège nord-sud...

    Le temps s'écoule ici,gris, bordé, borduré,codifié et Fou.Il broie de l'homme comme grains de blés sous la meule lourde, pierre ronde du sacrifice Et le pain, blanc dans la bouche garde un goût de sang. Tes lèvres pulpeuses sucent les gouttes carminées, ta bouche s'entr'ouvre ,tes dents blanches écrasent les sphères noires. Meurent les hommme presés aux portes des palaces.

    Méridienne, tu recois le corps de l'odalisque en faute, et son parfum attire le garçon apportant les galettes chaudes et le muscat. Tu ouvres la bouche rouge de désir et grain par grain conjuguele temps universel des amours ancillaires au présent.
    Ici et là,Balancement d'autistes, morve d'idiot comme un pendule, séduction du temps qui s'écoule sur les peaux d'ébène comme lait de chamelle, jusqu'à la source du désir.
    Nos enlacements s'effacent devant le vent qui se lève.
    Partir est un devoir.
    Lever le camp, une blessure,
    écrire une déchirure.
    Le temple s'est ouvert du haut en bas et aucun mur n'est assez grand pour tes lamentations. J'irai au Sud
    dire nos folies de vents du nord,
    je dirai aux dunes chaudes
    mes tempêtes nocturnes.
    Je planterai
    un phare comme gnomon condamné, sur le granit de l'Ile de Sein.
    Tu creusera une source rouge,
    de tes mains habiles.
    Tu prendra la route de Matmata et retrouvera les tombes des mes jurades.
    Nous élèverons
    nos désirs de Croix du Sud
    au niveau de l'horizon.
    Des paroles
    dites
    seront de pierre et
    les pierres
    deviendront, mélopée.

    Peuple pacifique
    sans
    encombre
    Qui reste
    " sensible
    à la musique des corps
    à la faiblesse
    des regards
    qui ramase le mien"

    L'unique pendule devrait être celle de l'amour. Comment le faire comprendre aux hommes pressés que nous sommes.

    Ce texte est un prolongement du récit de Lilia Lilian, come pour efacer la nuit qui s'approche. Car il faut pacifier la vie de ceux que l'on aime.

    Roger Dautais

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  4. Une rencontre intéressante. Mais il y a sûrement des inconvénients à ne jamais être à l'heure

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